Cheik (sans provisions)

Cheik est un sans-papiers mauritanien « haratin ». Haratin, c’est les noirs de Mauritanie qui sont les esclaves des maures blancs encore aujourd’hui. Donc chaque famille maure a sa famille de noirs dévoués qui travaille gratuitement contre le dormir et le coucher alors bon, de quoi ils se plaignent ?

Cheik est venu en bateau qui flotte un peu avec 50 autres gars par le détroit de Gibraltar contre monnaie sonnante et trébuchante. Il a perdu un ami avec qui il est parti de Nouakchott, en mer, il est tombé du bateau.

J’ai rencontré Cheik sous le métro à Stalingrad, dans les distributions de bouffe sauvages mal gérées par des assos débordées. Dans le cadre de Nuit debout l’an dernier, on a été quelques-uns à dire que jeter la bouffe à des gens prêts à se taper dessus pour une pomme, c’était pas constructif. Alors, on a décidé de se partager les gens qui voulaient bien, du coup on était trois à subvenir aux besoins de trois gens (dont cheik), administratif, bouffe, sous et trucs divers. Le souci, c’est que Cheik comme les autres d’ailleurs, ne rentre pas dans le cadre « réfugié» comme les irakiens ou les syriens. Si tu viens de Lybie, de Mauritanie, du Mali, de Guinée, du Soudan, de Centre Afrique, d’Erythrée, tant pis, coup d’état, guerre civile, c’est pas considéré comme en guerre. Je ne parle même pas des réfugiés économiques, qui viennent en bateau plus ou moins flottant… tellement y’a rien à manger dans leur bled.

La copine de Nuit debout, via l’asso « terre d’asile » a réussi à lui trouver une place de choix qui lui évite le coucher à l’arrache dans la rue (Mazeltov!) dans un foyer à Meudon, où il partage une chambre avec trois gars, un sénégalais, un malien et un nigérian pendant un an, après on sait pas : ou le foyer a de la place et tu restes ou tu vires pour laisser la place au suivant.

La légende de « les immigrés reçoivent de l’argent de l’état » c’est des conneries. Pour toucher le RSA il faut avoir eu 5 ans de carte de séjour renouvelées, là, Cheik il a rien du tout. Un papier de demandeur d’asile, pas de carte de séjour, pas de permis de travail, donc c’est nous les subventions : et je te remplis ta carte de transport, voilà des sous, ok on va manger un kebab (il y a des périodes de plusieurs jours où il ne mange pas), ah il faut envoyer un truc au bled ? ah la carte de téléphone qu’il faut recharger… bref ça devrait être le taf de l’état, non ?
On a un problème on arrive pas à trouver le moindre travail même au black à Cheik, et l’asso « Terre d’asile » n’a rien trouvé de mieux que de lui proposer d’abord une formation avec stage non rémunéré dans un Franprix, où t’apprends des mots débiles comme « fennwick » « élévateurs » « magasinier » et « ferme ta gueule » qui n’a rien donné, il a bossé un mois gratuit dans un fonds de magasin.
Maintenant chaque mercredi il se rend au secours catholique d’Antony où il fait du bénévolat gratos trois heures de « trie et range en silence » les cartons de fringues dans l’entrepôt.
Même pas un sandwich, même pas une pièce. Vive le secours catholique ! mais oui c’est pour son bien-être et se maintenir dans la vie active et sociale. C’est pour sa santé mentale… car le travail c’est la santé.
Les autres jours c’est des autres gars sans papiers et sans thune.

Allez Pleure !

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