« Mobilités »

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A l’aube des jeux olympiques et paralympiques, se déplacer dans Paris, en situation de handicap, relève d’un effort équivalent aux épreuves athlétiques à venir, pourtant le réseau de transports parisien s’appelle « Mobilités »

Un trajet simple avec une personne vieillissante, qui marche bien mais lentement avec une canne se transforme en marathon, prenons l’exemple Olympiades- Gare de Lyon :
Si le premier ascenseur fonctionne, le portillon normal, se refermant trop vite, nous tentons le portillon-poussette, qui à peine ouvert se referme déjà sur la personne en train d’avancer. (Parfois, la valise reste de l’autre côté).

Le second ascenseur qui permet l’accès aux quais, fonctionne aléatoirement, il faut souvent revenir en arrière et utiliser les escalators. Ce n’est pas évident pour les personnes lentes ou bancales de choper le train en marche, et difficulté supplémentaire, l’escalator ne descend pas jusqu’au bout.
Malgré la construction récente de la ligne 14, il reste toujours une volée de 12 marches en bas (???) peut être qu’il n‘y avait plus de sous, ou bien, ils ont creusé plus profond que prévu. (« ah zut, on a déjà commandé les escalators ! »).

L’alternative du bus, c’est pas mieux, au mieux quatre places accessibles, toujours occupées, et des marches de 20 cm compliquent l’accès aux autres sièges.
Tant pis pour les hanches douloureuses, les ligaments fragiles, les chevilles tordues, les Charcot, les Parkinson, et les sclérosés en plaques. Quant aux chaises roulantes, elles s’en remettront au bon vouloir des voyageurs pas trop pressés et costauds.

Nous voici dans le métro, par bonheur, comme c’est le terminus, on a une place assise.
Arrivée Gare de Lyon, (350 000 voyageurs par jour), nous voici à la recherche d’un ascenseur (raté car en construction depuis deux ans) pour aller aux quais d’embarquement SNCF.
En remplacement de l’ascenseur en construction, deux escalators étroits (dont un en panne), 350 mètres de couloirs pour trouver un autre escalator.
Si c’est l’heure de pointe, grandes chances de se faire bousculer plusieurs fois.

Nous voici enfin Hall 1. Des panneaux indiquent que « pour notre confort, la SNCF fait plein d’efforts pendant les travaux d’amélioration». La preuve, il y a quatre chaises occupées par des encore plus bancals que nous, en plein courant d’air, au milieu des bruits de marteau-piqueur.
Nous nous précipitons dans un simili bar bio qui communique beaucoup pour vendre des cafés plus chers que bons, et qui prétend faire travailler des « baristas passionnés », bar sans toilettes. (J’ai pensé au personnel).

Les personnes âgées qui viennent d’affronter les transports et n’ont eu qu’un petit répit assises devant un mauvais café tiède, repartent en expédition pour se soulager.
Car l’unique toilette de la gare de Lyon (j’insiste, 350 000 voyageurs par jour) se trouve Hall 3 sur le quai tout à gauche, c’est à dire qu’il faut traverser toute la gare, avec canne et valise, au milieu d’un tas de gens pressés de ne pas rater leur train. Train, dont le quai vient d’être indiqué 10 mn avant le départ, bonjour si on est pas dans le bon Hall.

Pour finir, le quai du train est indiqué 10 mn avant, et par bonheur on était voiture 3, ce qui fait qu’on a eu le temps de monter dedans à la bonne place.
Heureusement, on était pas voiture 25, sinon on aurait voyagé debout en voiture 5, le max que tu peux atteindre avant le départ, si t’es à 2km/h…

Voilà, ça leur fait des bonnes journées aux bancals et aux vieux quand ils prennent les transports publics privés.

Deux marches pour s’asseoir dans le bus 27

Un bar chic mais sans toilettes

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Lettre à Attal

Monsieur Attal,

Je suis consternée de voir que ce qui vous tient à cœur est en premier lieu est d’augmenter la paye des vôtres, et pour nous achever, dans « le même temps », (cher à votre camarade d’école président), de nous retirer l’ASS, un choix de vie de bohème (vous devez en être convaincu) pour beaucoup d’entre nous – ?200 000 sur 67 millions-. Enfin, c’est votre point de vue, je vous propose de nous dire combien de temps v ous mettez à dépenser 455 euros, maigre substitut de survie pour les bénéficiaires de l’ASS.

Également il faut faire travailler les RSA rien ne justifie à vos yeux l’oisiveté et la joie de vivre d’un jean-foutre trop heureux.

Pour votre information, il n’y a pas beaucoup de personnes qui choisissent le RSA par plaisir, je suis certaine que si vous leur proposiez un siège au sénat ou à l’assemblée, ils n’hésiteraient pas une seconde.

Pourtant, vous piétinez sans cesse les valeurs de la république : l’égalité via la solidarité acquise en 36, l’accès aux droits que vous mettez à mal, en écrasant les restes du l’aide sociale (il faut la mériter comme en Amérique)… 

Et la fraternité, également, que vous attaquez avec la loi immigration, et enfin la liberté.

Ah ça, la liberté c’est un vrai problème pour les gouvernements successifs : de plus en plus surveillé, tracé par les cartes à puces, transport, paiement, santé, technologies, téléphonie, toute inscription est dans un data quelconque… le système France connect un splendide outil de surveillance générale, pour bien regarder qui fait quoi quand et qui gagne quoi, qui va où, je suis étonnée qu’autant de fraude fiscale nous file sous le nez avec un système aussi parfait.

Y aurait il deux poids deux mesures ? 

Ce qui me navre par dessus tout, c’est que vous n’avez pas réalisé (je l’espère, sinon cela risquerait de ressembler à du cynisme) que les jeunes générations sont encore plus en galère que leur parents, aucune perspective de travail fixe et enrichissant, impossible d’accéder aux logements, à moins d’être bien nés, naturellement comme vos pairs du gouvernement. Réactionnaire à ce point, à votre âge, il me semblait que ça n’avait pas existé depuis Sarkozy.

Une maison et une voiture sont déjà prévus et l’entre soi favorise l’accès aux ministères.

Nous, nos enfants de RSA et ASS vont au mieux à la fac, et trouvent s’ils le peuvent des boulots de smicards à vie, qui leur permettront tout juste de payer un loyer s’ils sont en couple sinon, ils dépendent… Des ASS et du RSA. Et vont devoir travailler 20 heures pour le mériter au lieu de chercher un vrai travail (si tenté qu’il en existe encore en dehors des métiers sécuritaires ou guerriers).

« Les français » dont vous nous rabattez les oreilles ne votent pas pour vous, les vieux votent Le Pen les jeunes ne votent plus. Ou Le Pen aussi par désespoir.

Il serait vraiment temps de retrouver une politique qui nous rend ce qui faisait bon vivre en France, les congés payés, la santé, l’éducation, la fraternité :  on n’est pas exigeant, on veut vivre notre vie paisiblement, sans yachts, sans luxe, sans pognon de dingue, sans dents s’il le faut.

On s’accommoderait bien de 7/8000 euros mensuels, bon je comprends que notre éloquence ne vaut pas celle d’un premier ministre, alors disons 2500 par personne, en guise de geste solidaire ? 

Le pognon de dingue se trouve dans le sous-sol de la banque de France, à moins que Sarko n’aie distribué toute la caisse en 2007, mais si vous voulez un tuyau, y’en a plein dans les comptes offshore des riches.

Dans l’attente de votre démonstration de reconquête des valeurs de la France (avant qu’elles ne partent trop à droite droite) je ne vous remercie pas pour vos annonces totalement inquiétantes pour la France d’en bas que nous sommes.

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Gardien de prison, un métier d’avenir

A la vitesse où on sur-remplit les prisons, avec le plus souvent, des petits dealers, des petits voleurs, des petits arnaqueurs, beaucoup de fous, une majorité de hors société plus que hors la loi, y’a du boulot à venir !

L’état va construire encore des prisons neuves pour désengorger le trop plein, au lieu de réfléchir à de la prévention, et de l’éducation, rien de nouveau, plus une société est débile, plus on enferme les gens.

C’est encore mieux, ça procure des emplois à des gens qui ne savent rien faire d’autre, et donc on retrouve du côté des matons, le même genre de population qu’à l’intérieur des prisons.

Tout est bien qui finit bien : au lieu de s’occuper d’élever le niveau des personnes on les enferme ensemble, les bandits et les pauvres cons. C’est économique, la formation pour ouvrir des portes avec des clés est très rapide, et le mépris corrélé à l’abus de pouvoir est quasi-inné, en particulier chez des gens en manque de reconnaissance.

Voilà pourquoi, quand on va rendre visite ou déposer des objets à un proche en prison, on devient inévitablement humble et docile, en un mot on fait pas le malin. Depuis les tentatives téléphoniques répétées pour un simple rendez-vous (compter en moyenne deux heures d’essais) jusqu’au dépôt de vêtement, c’est le parcours du combattant :

Au téléphone, quand ça décroche enfin, on est sur le qui-vive, si par malheur ça raccroche, pour un mot d’agacement, une incompréhension… on devient d’entrée le jouet de l’interlocuteur procédurier. Bref c’est l’angoisse, parfois, on obtient une date qu’on ose à peine faire répéter à l’agacé(e), de peur de faire s’effondrer tout le travail précédent en un raccrochage fatal.

Une fois le sésame en main, pour aller porter un pauvre sac, avec des restrictions dignes d’un aéroport en zone de guerre, (couleur taille et formes à respecter), il faut se rendre une heure avant le rendez-vous, donc la plupart des prisons n’étant pas au centre-ville, compter la demi-journée. La plupart des gens prennent une journée de congé.

Quand on arrive devant, il faut attendre à l’extérieur jusqu’à ce que le gardien décide d’ouvrir, et nous contrôle un par un, carte d’identité et rendez-vous.

Parfois, il arrive qu’un parent vienne sans rendez-vous porter un sac en urgence, c’est au bon vouloir du maton n° 1 qui va demander au maton n°2 qui va demander au supérieur, qui acquiescera ou pas selon ce qu’il aura mangé à la cantine. Sinon, le parent repart avec un n° de téléphone, le même que trois paragraphes au dessus.

Les permis de visite, c ‘est plus compliqué, il faut d’abord envoyer tout un tas de trucs administratifs au tribunal, qui, s’il dit oui, (compter trois semaines minimum) renvoie les personnes sur la même plateforme téléphonique ci dessus. Par bonheur ils sont en train de dématérialiser la prise de rendez-vous, on peut réserver un créneau de visite sur le net, mais pas pour les vêtements. Et naturellement, on a pas le droit d’apporter des vêtements le jour du parloir, sinon, c’est trop simple.

Le personnel des prisons qui s’ennuie, n’est pas réellement sympathique : d’abord comme des cons, ils ont choisi de s’enfermer tout seul, et puis il faut toujours garder son mini pouvoir de faire chier le monde, c’est tout ce qui leur reste dans leur vie de con qui s’est enfermé tout seul. De façon générale, on a constaté que le service public n’existe plus vraiment, et qu’on est très souvent à la merci du bon vouloir des administratifs, comme si c’était une faveur.

Par exemple, s’il vous arrive de ne pas vous rappeler du numéro de casier (comme à la piscine) où tout entrant dans l’enceinte de la prison est prié de déposer ses effets personnels, ou bien d’en oublier le code, con que vous êtes à vous préoccuper de la suite du chemin tortueux qui vous mènera jusqu’au graal du dépôt de vêtements, tant pis. Le maton responsable des casiers pourra à son bon vouloir tenter de vous ouvrir ou pas avec son passe, ou vous prier de rester bien sage jusqu’à ce que tous les parloirs et tous les dépôts aient évacué.

Pour terminer cette morne aventure, il vous faudra reprendre le bus, vos pieds, le RER et le métro pour rentrer chez vous, avec le soulagement que votre proche aura ce soir un peu de réconfort, grâce à ce tout petit quelque chose de l’extérieur que vous lui aurez apporté, envers et contre tout.

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Concert de Rival Sons à l’Olympia

Rival Sons est un groupe de rock pur, qui réunit tout ce qui fait un grand groupe de rock : des excellents musiciens, des riffs efficaces, un chanteur hors pair, des influences qui font penser aux grands groupes, sans les copier.

On y entend des riffs sombres à la Black Sabbath, des envolées lyriques et des guitares dignes de Led Zep’, du pur rock à la Animals ou Status Quo, du blues simple saturé, des moments divins à la Pink Floyd…

Beaucoup penseront à plein d’autres références, le mieux, c’est d’écouter les 8 albums et de se laisser transcender par tous les tableaux. Quelques morceaux peuvent sembler un peu niais ou inutiles, mais sur la totalité de leur production, c’est très rare.

Le concert d’hier c’était deux heures de très bonne musique, alternant des morceaux du dernier et des anciens qui nous transportaient déjà il y’a cinq ans. J’ai adoré !

… donc en vrac, Mirrors, Do your worst, All over the road, Darkside, Nobody wants to die, Rapture, Redemption, Sweet Life, Feral Roots, Darkfighter, Pressure and Time, You want to, Jordan, etc…

Il faut faire abstraction du public de quinquas pas marrants, personne ne vit le concert, si on braille les paroles on nous dit chut, si on bouge un peu trop on nous recale, ça devient chiant les concerts, on dirait la messe. Heureusement que c’était rock, ni sex ni drugs, no fun.

Ce que je déteste dans les fans-clubs, c’est cette adhésion quasi religieuse* qui fait d’un amateur, un neuneu incapable de critiques, pouvant s’infliger quatre heures sous la pluie en attendant l’ouverture des portes. Du coup il est tout énervé quand il entre enfin, et il ne veut pas céder sa place aux petites personnes, arguant qu’il était là depuis trois heures. Certains sont même venus avec des petits enfants, tout devant du coup, les minots avaient des casques anti-bruit sur les oreilles, on est à un concert de rock bordel, pas au jardin d’enfants.

*Voilà comment le très moyen album des Stones sorti le même jour que Lightbringer, (le petit dernier des Rival Sons), est en tête des ventes car personne n’ose être franc, parce que voilà, c’est les Stones, par contre,écoutez le vraiment une fois et vous éviterez certainement de l’acheter.

J’avais à ma gauche, une dame qui n’a absolument pas bougé et manifestait son amour du groupe par un cri unique et rauque à la fin de chaque chanson (et parfois au milieu des morceaux, dans les « respirations » entre deux couplets.) Étrange. Nous étions quelques énervés à bouger, au milieu d’une forêt de troncs d’arbres immobiles, inexpressifs, et armés de leurs téléphones pour filmer, sans bouger sinon c’est flou. Mais c’est du « live » !!! il faut le vivre pleinement ce moment, entrer en transe et laisser parler tes émotions.

Du coup on s’est adaptées et on a fait aussi quelques photos.

On y retourne quand même la prochaine fois ?

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L’E.P.I (espace parisien d’insertion) cherche du travail à faire

Ce matin, convocation à Pôle emploi, sous la pluie, on est 25 quinquas à patienter, blasés mais résignés à l’idée de conserver notre allocation.

Une dame de l’E.P.I (espace parisien d’insertion, qui sert à occuper les travailleurs sociaux qui ne servent plus à grand-chose) vient nous présenter deux diapositives sur un powerpoint bâclé : 4 phrases longues de 4 lignes sur la première, que la dame nous lit à toute blinde, et comme on plisse les yeux, elle nous explique.

Il s’agit d’intégrer l’E.P.I. car comme chômeur longue durée, on a forcément des problèmes puisqu’on n’a pas trouvé de de travail depuis tout ce temps. Elle appelle ça « des freins » et puis elle nous montre une autre diapositive, avec le mot « travail » au milieu et autour du mot, en rond les mots « logement » « santé » «  »famille »(? c’est un frein ? » etc… Ensuite elle explique que chacun d’entre nous sera appelé individuellement pour un entretien et elle disparait en nous plantant dans le noir sans café ni rien…

Commence une attente de plusieurs heures, ils sont trois formateurs à appeler les gens : un babacool rock et deux vieilles profs. Je me dis « avec la chance que j’ai, je vais jamais tomber sur le babacool rock ».

Je reprends mes mots-croisés, j’ai le temps de lire un chapitre de l’excellent bouquin de Slimane Zeghidour, « sors la route t’attend », (vraiment il faut lire ce bouquin) je refais un mots-croisé, et j’entends une voix d’homme m’appeler, oh !!! le vieux rocker !

Le vieux rocker sympa me demande si j’ai besoin d’une assistante sociale, si tout va bien dans ma vie, je lui explique rapido que oui, je me débrouille pas mal comme assistée sociale, AAH HLM Transports gratuits, et que le vrai souci c’est de trouver une emploi adapté à ma maladie, un mi-temps payé correct, car quand tu travailles, tes aides sautent.

Alors il comprend vite et me suggère de contacter ma référente pôle emploi (qui m’a orienté sur ce truc del’E.P.I) afin qu’elle me mettre en relation avec un spécialiste du handicap, et me parle de boulots nouveaux à l’éducation nationale, qui ont l’air de correspondre à ce que je cherche. Au revoir Monsieur le babacool rock, je fais un mail dans la foulée à ma référente. Dont voici la réponse.

Bonjour,

Je suis votre conseillère référente handicap et me tiens à votre disposition pour toute question relative à votre recherche d’emploi. Vous pouvez consulter la liste des ateliers disponibles dans Mes services à la carte dans votre Profil de compétences.

Cordialement,

Votre conseillère Pôle emploi

Bon ben voilà, j’ai fait des mots croisés et lu un peu au calme.

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Orange

Madame, Monsieur,
Nous avons un problème de connexion pour notre contrat orange open pro. Qui n’est ni open, ni pro.
Nous avons téléphoné plusieurs fois au 3901 afin de résoudre les problèmes de connexion, qui nous impactent particulièrement, étant donné qu’en cas de coupure, nous n’avons plus, ni internet, ni la télévision, ni la carte bleue.
Ce qui a été un gros problème tout le mois de décembre, plus de connexion CB en fin de soirée, lorsque tous les clients doivent payer, pas de télévision fiable à la retransmission des matchs de coupe du monde, wi-fi quasi inexistante.
Royal, pour un bar rempli de jeunes, les jours de matchs importants ; nous avons eu la désagréable surprise d’interruption de connexion, lors du matche France Angleterre, au moment des buts français, image figée , puis plus rien. Re-belote au match de finale. C’est tragi-comique, et par bonheur, nos sympathiques clients ne nous ont pas lynchés.
En urgence j’ai fait un partage de connexion avec mon téléphone personnel, et j’ai éclaté mon forfait, si bien, que je n’ai plus de 4 G jusque la fin du mois, c’est génial, j’ai un téléphone avec lequel je ne peux plus appeler… Et le chiffre d’affaire mensuel du bar a souffert des non-matchs et de la non-CB. On estime la perte à plus de mille euros.
Les différents appels, n’ont rien donné, on nous a conseillé de « brancher débrancher, attendre, recommencer l’opération, et attendre à nouveau » pour un résultat quasi-nul ; on nous a fait acheter une « airbox » qui sert ? À quoi en fait ? avec pour finir, enfin un interlocuteur sérieux qui nous envoie un technicien le 20 décembre.
Le technicien constate que la ligne de l’ADSL est défectueuse et nous informe que la live box est branchée, sur la fibre, (????) donc, nous lui demandons de tout mettre sur la fibre. Il ne peut pas, car dit-il, il est « technicien ADSL ». Il faut reprendre RV avec un technicien fibre. (Facturé 40 euros?)
A la suite de quoi, je reçois un texto résumé, « votre ligne ADSL est défectueuse, c’est à vos frais de la remettre en état ». Très bien, nous passons dans une boutique orange ce matin, pour découvrir que ce n’est que la partie commerciale, et que personne ne peut nous aider.
Pour finir, devant nos explications agitées, une vendeuse ayant pitié prend RV téléphonique pour nous demain (notez bien que ça, on maîtrise l’opération, car j’ai bien compté, on a déjà fait ça 12 fois depuis le début de notre engagement chez orange). Et nous affirme qu’il n’y a pas de fibre au 65 rue du faubourg saint Denis. Pourtant le technicien d’hier est allé voir à la cave, et si, il y’a bien la fibre. (C’est free qui l’a installée).
La gardienne le confirme aussi, les habitants du passage 65 pour la plupart, nos clients, également.
Nous voilà donc au point de départ, nous avons RV téléphonique demain à 16h . Et je parie qu’on va nous dire de débrancher éteindre, rebrancher rallumer.
Alors voilà ce que je propose avant d’aller chez le concurrent, qui ne sera pas mieux malheureusement, alors à priori on reste fidèles à Orange.
1) Vous envoyez un technicien fibre gratuitement rapidement qui vient remettre tout en fibre comme pour nos voisins et qui ne part pas avant d’avoir fait fonctionner TOUT en fibre.
2) Vous faites un généreux geste commercial, conséquent et au regard de la perte de notre chiffre d’affaire.
Espérant que cette lettre aura pour conséquence une issue satisfaisante pour tout le monde, je vous prie d’agréer Madame, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.


PS : changez la musique d’attente de la plateforme téléphonique, elle rend les gens fous

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Prague

A Prague, on peut voir des choses que chaque touriste est obligé de croiser, injonction touristique oblige… jeu pour ceux qui connaissent « trouve le titre de la photo »

En vrac, pont Charles portes et place vieille ville, maison déglingo, synagogues,cimetière juif médiéval, horloge astrologique, gare centrale, théâtre de la première de Don Giovanni de Mozart, parc et château…

Et on peut aussi s’immerger dans leur style de vie très autrichien, bouffe architecture, détails… les pavés sont décorés en croix aux abords des églises et en étoile aux abords des synagogues, ou des ? sens de circulation, mais j’ai pas vu de croissant de lune…ni trop d’immigrés d’ailleurs, y’a bien quelques cousins kabyles en cuisine et des vendeurs vietnamiens dans les mini-markets mais il parlent tchèque très bien. Y’a aussi des murs déco Vasarely dans le métro…

Tout, les trams, le métro impec, la bouffe; les maisons, les supermarchés, tout fait penser aux allemands et aux autrichiens, à part la langue, j’étais pas trop dépaysée…

Et alors pour rien gâcher on avait un super hôtel de l’ère soviet-suprême, que je vous recommande, pti déj compris, 35 euros la nuit :

On a aussi trouvé un bar qui ressemble au Mouton, sauf qu’il y a une scène… et on a vu des timbres rigolos avec le lion qui fait du sax, des belles portes cloutées, et des produits locaux… Kafka est en musée, en statue, en monument… ah ils aiment bien utiliser leur monnaie, du coup la bouffe reste moins chère, faut diviser par 21 ou 23 pour avoir des euros, la bière est vraiment donnée…C’était cool ! l’année prochaine Bratislava, ça doit manger à la même cantine non? comme les langues slaves, qui sont drôlement proches les unes des autres, en gros, à l’est-est du Rhin, c’est Nasdrovia tout partout.

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Killing in the name of… or not

Lundi 27 mai à la toute fin, les accusés ont eu une dernière occasion de s’exprimer. Je remercie Anne de m’avoir sténographié les dernières paroles que voici :

Attou (le plus jeune) dit « j’ai confiance en la justice, j’ai fait tout ce qu’on m’a demandé, (expertises psychiatriques etc… Je condamne les attentats terroristes, je remercie les victimes qui sont venues vers moi (y’a moi dedans !). J’espère qu’ils seront justes. »

Chouaa très ému : « j’ai très peur de votre décision, j’ai très peur que vous fassiez une erreur. Je suis innocent, je ne suis pas un terroriste, j’ai accompagné Abrini à l’aéroport, mais je n’ai jamais su ce qu’il avait en tête. Je suis innocent, j’en souffre depuis le début, je resterai toujours un accusé de ce procès, j’en souffre. Je remercie les parties civiles qui sont venues vers moi, ils m’ont soutenu, le procès a été très difficile pour moi.

Je t’en veux Mohamed, je t’en veux frère, tu as détruit ma vie, je ne sais pas si un jour, je pourrai te pardonner, mais j’en souffre…j’ai vu mes enfants ce week-end je n’ai pas eu le courage de lui dire la vérité.

Il y a trois semaines, j’ai perdu toute confiance au palais, je remercie mes avocats, vous m’avez dit, quoiqu’il arrive, je ne vous lâcherai jamais. J’aime protéger la vie de mes enfants. »

Oulkadi « C’est difficile de trouver les derniers mots. Il y aura un avant et un après cette histoire. Comme tout le monde, il va falloir que j’explique à mes enfants. Je leur ai menti, je leur montrerai mes notes.

Le témoignage des victimes m’a bouleversé, j’espère que ce fléau sera éradiqué, je ne comprends pas comment on peut adhérer à ces idées, qui ont sèmé la mort. Merci aux professionnels de la salle, à leurs sourires et leur bienveillance. »

Usman « Je remercie mes avocats ».

Abrini « j’ai pas attendu le procès pour avoir des remords et des regrets j’ai vu le visage des victimes, j’ai conscience que ce qui est arrivé est immonde. A cause de moi, Abdellah (Chouaa) a fait de la prison, ça a été très difficile pour moi de regarder les victimes, tout ça n’aurait jamais dû arriver, j’éspère que les victimes vont se reconstruire. »

Karkach « Je remercie les avocats de m’avoir traité avec respect, quant aux parties civiles, vos témoignages m’ont beaucoup touché. Ils m’ont appris le courage, le respect, l’humilité, le pardon. La prison était une épreuve pour moi, On dit que j’étais lâche et que je savais qu’il (Brahim Abdeslam) était dangereux, non en aucun cas ; je ne savais pas qu’il était terroriste, dangereux, et radicalisé. Cette étiquette de terroriste est en train de me bouffer de l’intérieur. »

Amri « Ces derniers mois ont été difficiles. Voilà des années que j’attends ce procès. J’ai le sentiment d’avoir été entendu. Je suis désolé d’avoir ramené Abdeslam, j’aurais dû le dégager de la voiture. Je ne le referais pas, si c’était à refaire, j’ai été ému par les parties civiles. »

Haddad el Asufi « Je n’aurais jamais accepté de préparer des attentats, j’ai toujours condamné ces attentats, et clamé mon innocence. Voilà 6 ans que j’attends beaucoup de votre verdict. Je ne suis pas un terroriste. »

Hadadi « Je sais que j’ai fait des fautes et des mauvais choix. J’ai beaucoup travaillé sur moi-même depuis 6 ans. »

Ayari « Je ne sais pas quoi dire. Si on se défend, c’est une défense de vendeur de shit, si on se tait c’est irrespectueux, je ne sais pas quelle attitude adopter. Quoiqu’on fasse ou dise, il y a toujours à redire.

J’ai expliqué, je me suis tu, puis je me suis senti redevable pour une victime ; j’ai expliqué pourquoi j’ai combattu, pourquoi je suis parti. Si on explique les choses, cela permettrait de résoudre ce problème dans le monde. J’ai entendu parler de frustration sexuelle, de fanatisme absolu, je ne comprends pas, c’est leur vision de la religion. On oublie tout le contexte, on préfère le balayer, on serait juste des fanatiques, mais ce n’est pas ce que j’ai vécu.Pour les parties civiles, on ne peut pas leur dire d’oublier, ce n’est pas possible, je leur souhgaite de pouvoir tourner la page.Dans ma vie, j’ai aimé, j’ai détesté, je n’ai jamais ressenti de mépris, il n’y a pas pire pour moi. »

Krayem ne dit rien.

Bakkali « je n’ai riuen à dire pour ma défense, je veux condamnerles attentats et présenter mes excuses aux victimes. »

Atar « je vais essayer de ne pas trop parler (la salle se marre), je n’ai strictement rien à voir avec ces attentats, je n’ai jamais apporté d’aide aux terroristes, je ne savais même pas qu’ils l’étaient. J’ai confiance en la justice, je dois être acquitté. »

Abdeslam «  mes premiers mots sont pour les victimes, je vous ai présenté mes excuses, certains diront que c’est une stratégie…Mon évolution pendant ce procès n’a échappé à personne ; Je ne veux pas me plaindre, mais la police belge, ont été violents, m’ont harcelé jour et nuit, j’avais des maux de ventre j’ai cru qu’on m’empoisonnait. (c’est ce que la police belge lui a fait croire qu’en effet ils l’empoisonnaient, finalement il a été hospitalisé pour une appendicite).

Les soignants ont été bienveillants, heureusement, la police m’a fait attendre des heures sur un brancard avec une cagoule.

Ici, je n’avais pas vu autant de monde depuis longtemps, alors j’ai été dur au début dans mes paroles, je le regrette.

Aujourd’hui, je me sens apaisé, car j’ai retrouvé ce semblant de vie sociale, c’est avec l’épée du parquet sur le cou, que je m’adresse à vous. L’opinion publique pense que j’étais au Bataclan, et que j’ai tué des gens, vous savez maintenant que c’est autrement. La France perd ses valeurs petit à petit, pour laisser place à son contraire ( ?). Le président de la cour n’a cessé de dire que les assassins nesontpas dans le box des accusés. J’ai fait des erreurs, mais je ne suis pas un assassin. Vous commettrez une injustice si vous me condamnez pour assassinat. »

Le verdict du mercredi 29 mai, où une foule inhabituelle s’est compactée et m’a volé ma place de choix, c’est qu’ils sont tous reconnus coupables d’association de malfaiteurs terroristes.

Sauf Karkach qui est coupable d’escroquerie.

On a eu un concours inhabituel de tee shirts pour dire « eh moi aussi je suis un rocker ! » (Lynyrd Skynyrd, Clash, Molly Hatchett, Deep purple, Iron Maiden, Rage against the machine etc wahou ! Et des tatoos en masse « 13/11 » pour pas oublier).

Mais en fait le plus rocker là, c’est moi ! j’ai pas de tatoos et ni de tee shirts, mais par contre j’ai fait des groupes avec des Cds, j’aurais pu faire un stand pour vendre Witches, Walou, et le Bourgeoisie… vu que le procès des fois ça ressemblait à une salle de concert.

Et les punitions sont très lourdes :

Abdeslam perpétuité incompressible jusqu’à la mort.

La même peine que les présumés morts à Raqqa, Oussama Atar, Dibo, les frères Klein, Darif.

Abrini perpétuité avec 22 ans de sûreté (ferme)

Ensuite ils ont tous 20 ans ferme :

Bakkali 30 ans avec période de sûreté des 2/3 ( ça veut dire 20 ans)

Krayem et Ayari, 30 ans avec période de sûreté des 2/3

Dahmani (actuellement en prison enTurquie) 30 ans avec période de sûreté des 2/3

Usman 18 ans avec période de sûreté des 2/3 (ça fait 12 ans)

Hadadi 18ans ans avec période de sûreté des 2/3

El Hadad Asufi 1/0 ans avec période de sûreté des 2/3 (c’est pas un chiffre rond 6.5 à peu près)

Les suivants devraient sortir dans pas trop longtemps :

Atar 8 ans avec période de sûreté des 2/3 (2/3 ans quoi donc c’est fait)

Amri 8 ans avec période de sûreté des 2/3

Et ceux qui comparaissaient libres, sont libres (parce que vu qu’ilq se sont farci déjà quelques années de prison).

Oulkadi 5 ans dont trois de sursis

Chouaa 4 ans dont 3 de sursis

Attou 4 ans dont 2 de sursis

Karkach 2 ans

Alors la conclusion de tout ça, c’est que ce très long procès a été comme le dit Ronen, une vaste fumisterie. C’est un procès exemplaire disent les journaux…je ne vois pas ce qu’il y a d’exemplaire à condamner un gars qui n’a tué personne à une peine équivalente à une peine de mort, à celle des fous qui nous ont tiré dessus et se sont fait exploser.

Et en comparaison, un salopard qui tue sa femme prend 15 ans et sort au bout de 8, et tiens, en tue une autre, ça semble juste ?

C’est fou, on a l’impression qu’ils n’ont rien entendu.

Il fallait un coupable, puisqu’on ne trouvait pas, car les vrais coupables sont morts. Abrini et Abdeslam n’ont pas tué. Ils se sont bien fourvoyés, y ont cru, puis ils ont douté puis renoncé.

Procès dans lequel à la fin, on progressait vraiment vers une sorte de raison, et d’humanité, d’échanges respectueux et productifs ; où on a réussi à recoller presque tous les morceaux de l’histoire, raison pour laquelle j’aimais y aller.

On a fini par comprendre, qu’au lieu d’un projet d’ampleur très bien organisé, le petit chef Abaaoud a plus ou moins échoué, il n’a pas eu les effectifs souhaités (par chance), il y a eu des défections, et une organisation assez déconnante…au point de se retrouver dans un fourré, c’est pas très pro…

J’ai rencontré les accusés libres, ils sont très sympas, ça pourrait être des potes, des voisins, des gens à qui tu rends service sans poser de question, à peu près j’en suis sûre, comme leur anciens amis et voisins, Abdeslam, Abrini…Atar n’a pas de chance, il est à la mauvaise place, mauvaise famille.

Les autres aussi (Bakkali, Asufi…) sont tombés dans une nébuleuse qui les a dépassés, peut être que la secte islamique d’Abaaoud les a emportés dans le tourbillon, cependant, eux non plus n’ont tué personne.

Mais après autant de fric dépensé, autant de mise en scène, d’heures et de papier gaspillés, il fallait un coupable, un symbole, pour rassurer le peuple, pour ne pas contrarier les médias, et pour faire oublier la redoutable incompétence (dit niko) des services secrets européens, des politiques en place, de la misère intellectuelle générale. Par contre, rien n’est envisagé pour à l’avenir éviter l’embrigadement de jeunes recrues dans les rangs des milices armées de type état islamique.

Quand je pense à Abdeslam ou Abrini, je pense à la chanson « killing in the name of » de Rage against the machine, la fin, c’est « Fuck you I won’t do what you tell me ! »

C’est ce qu’ils ont fait, ils n’ont pas été jusqu’au bout, et pourtant ils prennent pour tous les autres qui n’ont pas renoncé.

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Dernières plaidoiries de défense

Le second avocat pour la défense d’Abrini

Maître Eskenazi, explique pendant longtemps, les choix guidés dans les quartiers « arabes » par la politique occidentale anti islam :

« …il y a eu Abou Ghraïb, la Palestine, les révolutions arabes, la passivité à l’égard des régime totalitaires, comme en Syrie, et aussi en Arabie saoudite, qui, rappelle-t-il, est ambiguë, à financer la propagande islamique, Al Jazira, et achète les armes occidentales… il rappelle aussi la passivité des états, qui ont été d’une grande tolérance avec les imams douteux partout en Europe, avant les attentats. Il rappelle qu’Abrini était un délinquant non-violent, qu’il évite de croiser les gens dans les cambriolages, et qu’il est toujours sans arme.

Il rappelle également sa douleur « …lorsqu’il apprend la mort de son frère, dix mois avant sa sortie de prison, Mohamed Abrini part directement en Syrie à sa sortie ; là bas il s’adresse à ceux qu’il connaît, Abaaoud, son voisin direct à Molenbeek…

« Son implication dans les attentats, c’est qu’il part de l’appartement dans lequel se tient la réunion de préparation du 13 novembre, il n’y participera pas, renonce une première fois. « Il renoncera encore à Zaventem, où Abaaoud l’avait convaincu, en lui disant que vu son niveau d’implication, «il vaut mieux mourir que de finir ses jours en prison. »

Abrini, il doute.  « Gardez en tête le renoncement, faites barrage à la vengeance, il encourt les même peines que les terroristes morts, donnez tort à Abaoud. »

Défense d’Abdeslam

Maître Vettes en préambule demande « comment on va pouvoir juger sereinement une affaire avec autant de protections, avec une cour d’assises protegée, une justice frileuse, repliée, recroquevillée… « …Je remercie la dignité, la délicatesse des victimes. Beaucoup sont arrivées avec des certitudes, notre travail a été de les contrer. Les peines demandées sont lourdes, très lourdes, trop lourdes. »

« A quoi sert ce procès ? Ce ne sont pas les états généraux de la radicalisation, ni une commission parlementaire, ni une cérémonie mémorielle » « Ce procès se veut historique, or Salah n’est ni barbare, ni fanatique, ni définitivement irrécupérable … Il est non violent. » « Ce n’est pas un tribunal militaire non plus, quoiqu’en dise M Hollande, faire la guerre à la guerre »…

«Trévidic pense qu’un seul procès franco-belge suffisait, oui mais les égos… » « …Par ailleurs, il existe des failles dans les enquêtes, ici c’est la justice des hommes pas celle de Dieu. Salah a eu des débuts tonitruants au procès, provocateurs, très médiatisés, ils se sont régalés de ses paroles , mais il a dit aussi « c’est une image fausse qu’on se fait de moi » ; on ne juge pas une posture, mais un homme pour ses actes » « …on a l’idée qu’il savait tout, non, il a appris beaucoup sur la cellule le temps du procès, personne ne savait grand chose, les commanditaires cloisonnent les préparations, les intervenants sont les derniers à savoir comment ils seront utilisés »

« … Les enquêteurs nous ont bien expliqué ce cloisonnement, la sélection des individus, et passage à l’acte au dernier moment. , on ne révèle à chacun que ce qu’il a besoin de savoir au dernier moment, cette cellule a réussi à tenir en échec l’ensemble des services secrets occidentaux. Salah n’est pas un délinquant, il a certes un intérêt pour les Syrie, et il est proche de son frère Brahim… »

« …En couple avec Yasmina Cajou depuis 8 ans ils avaient prévu de se marier, elle a témoigné, « un garçon plutôt calme, sans histoires, quelques disputes sur la fin, à cause des entrevues avec Abaaoud. » Il ne s’est pas radicalisé non plus ; il a été sensibilisé à la mort de civils syriens, par son frère Brahim, qui visionne la propagande de l’état islamique…

« …Beaucoup de jeunes partent en silence en 2015 en Syrie, pas lui. Il n’a pas fait allégeance, n’a pas de kounya, il dit ne pas avoir accompagné son frère Brahim au départ, confirmé par d’autres accusés.

…A l’été 2015 il devient intérimaire de l’état islamique : effectue des missions ponctuelles (5 voyafges de rapatriement de gens en provenance de la Syrie) sans savoir qu’Abaaoud est revenu. Il va chercher les Bakhraoui en son nom propre, preuve qu’il ignore les enjeux à ce moment là. Il n’existe aucune preuve d’un achat de détonateur, l’accusation ne tient pas compte des contradictions des enquêtes… » Il n’est pas là par hasard, mais on a la preuve, que son engagement à l’état islamique n’est pas de longue date. Son silence a laissé place aux hypothèses, qui ont joué contre lui. Il ne s’est pas fait exploser, il n’a touché aucune arme. »

« …pour bien juger, c’est difficile, il faut beaucoup de courage, celui d’affronter la foudre de l’opinion publique, l’incompréhension des médias. Juger à la hauteur de la souffrance, c’est appliquer la loi du Tallion. La barbarie contre la civilisation. Je reprends Romain Gary, « est ce que la peine que vous allez prononcer nous rendra meilleurs ? » … Oui nous avons une salle d’audience magnifique, un beau procès, malgré tout ce décorum quelque soit l’écrin, la justice n’est rendue que lorsqu’elle est ??? » (pas entendue, à cause d’une rumeur dans la salle).

Voici la brillante Maître Ronen

Après une introduction sur la complication abyssale du procès des enquêtes et la douleur incommensurable des victimes, elle présente la lourdeur de la sanction retenue pour Abdeslam. « …il a accepté de faire partie du commando, il a déposé trois hommes, voilà les faits. Comme si tout cela n’avait servi à rien, 9 mois de procès pendant lesquels, il a parlé. Il faut considérer son recrutement tardif, son renoncement, alors on dit qu’il n’a rien dit ! C’est faux. Il s’est senti piégé, à la réunion du 11 novembre Abaaoud et son frère Brahim, le persuadent de participer, il a déjà tout abandonné (y compris Yasmina) pour partir en Syrie, où finalement il ne se rendra jamais.

« …Auparavant, tout est tellement cloisonné, qu’aucune information claire ne lui est parvenue. C’est le seul qui n’est pas allé en Syrie, qui n’a pas de kounya, il a remplacé Abrini (qui a renoncé aussi) au dernier moment. Il a prêté allégeance 24 heures avant. Il a parlé, il a donné des explications assez claires, au sujet de sa mission : il devait aller se faire exploser dans un café du 18ème vers Simplon, après avoir déposé les iralkiens au stade. En voyant des jeunes plein le café, il a dit à la cour «J’ai renoncé. Je n’ai pas voulu les tuer » ce qui a été tout à fait raillé. Puis on a dit qu’il était lâche, et enfin qu’il mentait puisque la ceinture était défectueuse.

« Non, il n’a pas appuyé, il a renoncé « par humanité ». Puis, il est reparti avec la Clio, qui est tombée en panne Place Albert Kahn ; il a pris un taxi pour Montrouge d’où il a appelé la Belgique pour qu’on vienne le chercher.

« …La thèse du dysfonctionnement du gilet est remise en cause par l’accusation, or les expertises l’ont montré, Salah Abdeslam a arraché les détonateurs, et on sait qu’en cas de défection du bouton poussoir, on peut exploser avec un briquet. Là encore, on ignore le témoignage d’Abrini, (répété trois fois) qui explique qu’une discussion a eu lieu entre Abdeslam et Bakhraoui dans la planque à Bruxelles, à son retour en Belgique, à ce sujet « pourquoi t’as pas utilisé le briquet ? »

« …Amri dit aussi qu’il a dit que la ceinture n’a pas marché. Abdeslam n’a pas le cerveau gangrené par une idéologie ! Il faut en tenir compte c’est un élément fondamental. Amri et Attou sont en dehors de tout ça,ils n’ont aucun lien avec propre avec le réseau, ni avec aucun coordinateur.

Amri et Attou (qui l’ont ramené en Belgique), ont noté qu’il était bouleversé, seul, isolé, la cellule lui en veut, se méfie de lui, il a fait marche arrière.. « On lui met tout sur le dos, il est sanctionné comme un symbole. Il a été à l’isolement pendant 6 ans : l’isolement c’est 9 mètres carrés, 2 heures de socialisation avec avocats… le manque de stimuli physique et mental, ça peut rendre violent, on entre en décompensation, l’état psychique s’appauvrit, c’est de la déshumanisation, on revient à l’état animal…pas de sport, pas de contact social… même un rongeur a droit à sa roue.. C’est ça l’état de droit ?

Au point que c’est la direction de la prison elle-même, qui a demandé un assouplissement pour sa détention. Pas d’intimité, deux caméras en permanence, et d’un seul coup, le 8 septembre, 600 paires d’yeux le fixent, ceci pourrait expliquer ses premières réactions… »

« Il faut bien punir quelqu’un à la hauteur de nos souffrances, et puisqu’on a personne, ils sont morts, par une ironie tragique, puisqu’il s’est désisté, mais d’un côté ça fera un exemple, de l’autre de nombreux candidats au djihad. « C’est un odieux chantage » selon le ministère public, mais foutu pour foutu, le prochain candidat s’explosera. Où étiez vous depuis septembre, n’avez vous pas vu son armure se fendiller ? … Il existe une dimension émotionnelle de ce procès…

… Salah Abdeslam, qui n’avait qu’un seul costume dans son placard, trop grand pour lui, celui du soldat djihadiste, il a trouvé pendant tout ce temps,de quoi s’habiller autrement. » « Peut-on lui donner la même peine, que les cadres de l’état islamique présumés morts ? Que la peine de sûreté appliquée à Michel Fourniret, dangereux psychopathe?

… On est partis de loin, il a mentionné des explications, des remords, des excuses…il a formulé « en fait, je ne suis pas exactement comme ça ». La sûreté c’est la mort blanche. Elle crée des fauves, pas de possibilité d’avenir, on a aboli la peine de mort en 1981. Pourtant, la mort lente, on la requiert aujourd’hui…

« Entendons nous bien, je vous demande d’appliquer le droit avec rigueur, si vous suivez le parquet, le terrorisme a gagné.et nous n’aurons plus qu’à comprendre que tout ça n’était qu’une farce. »

Magistral.

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Défense des derniers accusés

C’est la dernière semaine, celle où les certitudes s’effondrent, celle où de splendides plaidoiries de défense nous bouleversent, celle où on finit par se demander si c’était bien nécessaire un tel boucan.

Lundi 20/6/22 Oussama Krayem j’arrive en retard, ses avocates ont déjà fait le nécessaire afin de le renvoyer vers la cour belge, si j’ai bien compris. Il traînait à schipol avec Ayari, ça n’a pas grand-chose à voir avec paris 13/11 … Je traîne dans la salle des pas perdus, de repos des victimes, et j’entends des parties civiles râler «… oh ben ils se plaignent en plus, ils ont le sport, la télé et tout ce qu(ils veulent en prison ». Je me demande si, avant chaque tribunal, on ne devrait pas inviter les parties civiles à visiter les geôles de Fresnes, de le santé, de Fleury…et peut être même leur montrer une cellule d’isolement.

Yacine Atar est défendu par Maître Saint-Palais (classe le nom !) Qui demande l’acquittement pour le simple frère d’un chef de l’État islamique, ce qui est la principale cause d’incarcération. « S’il parle trop, il noie le poisson, s’il se trompe, il ment, s’il se tait, c’est irrespectueux»  commence Maître saint-Palais. Atar, c’est celui qui a la poisse d’être le frère d’Oussama, cadre de l’état islamique, et le cousin des Bakhraoui, explosés à Zaventem. « on lui reproche un message d’Oussama, qui le « remercie de tout ce que tu as fait pour moi », le voici en prison depuis 6 ans et 3 mois, il risque 9 ans, et il cherche toujours depuis, dans ses sms, ce qui a pu le conduire là » Yacine Atar, c’est le super bavard qui parle tout le temps, son avocat dit (je note presque en sténo mais des fois c’est pas exactement ça) « on le quittait des parloirs, on arrivait sur le parking de la prison, saoulé saoulé saoulé, de paroles, car voici un garçon qui se débat depuis 6 ans, qui a confiance en la justice, écoutez, ce n’est pas tous les jours… » « La mission de la justice anti-terrorriste, c’est de juger un crime d’ampleur… on va les juger disent les politiques, mais, les assassins sont morts.

On ne peut pas rester sans réponse, mais ils sont morts ; vu l’ampleur du procès, on a lu beaucoup de communication, il faut des coupables, des complices, même s’ils n’ont pas mis un pied sur le sol français, -comme krayem-, c’est de l’impressionisme judiciaire, on a rien pu prouver de son implication… cet homme là, âgé de 24 ans, part en 2010 en Irak et cherche son frère malade, il est soutenu par amnesty international, les ambassades, il n’est pas du tout question de complaisance avec le terrorisme. Son frère revient d’Irak puis repart en Syrie, en aout 2015, ça fait deux ans qu’il ‘a pas de nouvelles, Yacine le cherche pour qu’il donne des nouvelles à leur mère… vérifiable dans des sms à sa sœur) ; lorsqu’il est en prison, son frère et s mère donnent le prénom Oussama au fils de Yacine Atar ; (ce fait lui est beaucoup reproché) … il a été choisi pour aller voir Bakkali, car justement il n’est pas surveillé du tout ; son cousin Ibrahim Bakhraoui -proche malheureusement- le remercie par ce texto « je te remercie de tout ce que tu as fait pour moi », ce sms a été gardé dans son téléphine, si ça avait présenté le moindre danger, il l’aurait effacé non ? » … un texto de Bakhraoui à la cellule, montre qu’il n’avait pas confiance en lui : il dit de lui que c’est un feu follet, qu’il est partout, ne le présente pas du tout comme une recrue de choix, au final si on cherche bien -et depuis 6 an on ne fait que ça- il n’y a rien pas d’ADN dans les appartements, rien, au sujet des armes, ni des réunions préparatives., par conséquent, l’acquittement ne serait pas de trop. » On passe à l’autre avocat, Maître Kempf Il insiste sur les légèretés de l’enquête : de la nitro dans les cheveux, un taux extrêmement faible, et surtout rien sur les mains. un boîtier qui traîne chez lui (pas explosif) la clé usb contenant des anashids ( ? de mariage) et une clé d’une cache, mais en fait finalement non, elle n’ouvre pas la porte suspecte. On a aussi confondu la kounya Abu Ahmad, d’Oussama (son frère) et lui. Ennuyeux, vu qu’Oussama est cadre de l’état islamique, ça peut avoir de fâcheuses conséquences. Bref, que des trucs qui tiennent pas la route ; on commence à se poser des questions sur les enquêtes, qui pourtant m’avaient eu l’air assez complètes en septembre, après le passage de Madame Panou, juge belge, et des agents responsables des enquêtes françaises. Et là, Madame Panou l’a fait enfermer pour ce motif : « … au vu des éléments de téléphonie, il est raisonnable d’imaginer que Bakhraoui s’est rendu chez vous. »

Et là, à quelques jours de la fin, on doute, on se demande si on peut enfermer quelqu’un sur une intuition, un imaginaire, une impression. Maître Kempf poursuit : « il est aussi question de le faire participer à la réunion de préparation du 10 novembre, or on a les preuves qu’à ce moment là il est très occupé, on a les sms, les témoins, sport, garde d’enfant, préparation d’un voyage en Thaïlande, fuite de plomberie etc, comment il va caser, ‘ah j’ai réunion terros !’ » « …Yacine Atar par son assiduité à la recherche de preuves, a été le meilleur collaborateur du cabinet. » « …Yacine Atar a été mis à l’isolement et a subi les fouilles à nu, ça veut dire qu’on fouille l’intérieur de tes fesses, à chaque fois, à chaque parloir qu’on a eus, mais enfin, nous sommes ses avocats ! » « …Ce doit être un procès exemplaire, faisons en sorte, d’avoir une enquête aboutie, et comme on ne sait pas trop de quoi mon client est accusé, abandonnez toutes les charges ; il n’existe pas de liens, nous demandons l’acquittement, on ne peut pas punir le fait qu’on a pas vu et qu’on aurait du voir, qu’on a pas entendu et qu’on aurait du entendre, »

Mardi 21/6/22 Mohamed Bakkali (Karkach a des chemises flamboyantes, jaune hier, vert aujourd’hui). C’est Maître Rezlan qui commence : « Vous avez une obligation de résultat de ce giga procès, c’est une réponse à la « guerre » contre le terrorisme, , une peine d’état, spécifique est requise. Monsieur Bakkali a exercé son droit au silence, ce n’est pas favorable pour lui, il inspire la méfiance, exacerbée par les fantasmes ; on dit de lui qu’il fait des calculs usé de stratégie, personne ne l’a cru dans l’affaire du Thalys il a été lourdement condamné (pour avoir véhiculé le terroriste du train à la gare), et ainsi, il ne veut plus parler. Il reconnaît les fait pour de la contrefaçon et des affaires avec Bakhraoui, il refuse les accointances qu’on lui prête dans les attentats déjoués de Verviers, il reconnaît avoir loué des appartements, mais pas en connaissance de cause. Mais ses services s’arrêtent le 3/11/2015, bien avant la mise au point en réunion du 10 novembre. Il a tout loué en son nom propre, c’est évident que s’il avait eu la moindre intuition, il aurait refusé ; on a pas pu lui dire, « on va faire des attentats, aide nous, loue en ton nom ». Bakkali coopère, ne cache rien, on ne retrouve son ADN nulle part ailleurs que dans les voitures louées. Il est libre d’agir, avc Daesh on ne décide de rien on obéit. Et on ne dénonce pas non plus, les gens qui sont du bon côté du manche et qui vous disent avec une impeccable facilité, «  dénoncez-les donc ! ». On a bien vu que pour Soraya Messaoudi (qui a balancé Abaoud dans son fourré), c’est compliqué, changement d’identité à vie, déplacement, protection… Monsieur Bakkali, c’est un radical, salafiste, mais pas haineux, il n’est jamais allé en Syrie, rien sur le djihad, rien de violent chez « …on ne peut pas le condamner comme un Bakraoui, on ne peut pas contenter le besoin de satisfaire le prix du sang, on s’épprête à condamner le logisticien, au risque d’oublier, que la première fonction de la justice, c’est de rester équitable. » (elle cite journal d’un bon allemand, pour expliquer qu’on pouvait être nazi malgré soi, par camaraderie.) Et elle conclut : « …complice d’actes préparatoires, ce n’est pas terroriste. Ne nous laissons pas aller à une condamnation émotionnelle, l’état de droit a fondu sous le choc, faites l’effort de ne pas vous laisser glisser » Maître Johnson revient sur le cloisonnement. (une notion qui explique, les cellules hermétiques de l’2tat islamique, celles où on ne laisse rien paraître on ne dit rien, sauf dans la panique, ce que nous verrons à la fin de la semaine) Il dit on s’en fout des experts, on veut l’analyse judiciaire seulement. Il explique que Bakkali n’a pas de casier, n’est pas violent et n’a rien à voir avec des terroristes. C’est ça le cloisonnement étanche, on ne laisse rien paraître, et on exclut d’office les « faibles ». Bakhraoui c’est un sauvage qui peut même tirer sur un passant, des flics, se faire exploser. Leurs liens tient au commerce de contrefaçon, et aux services rendus, auxquels on ne dit pas non. Il ne savait pas. Il a dit à propos des attentats, « c’est une abomination ».

Mercredi 22/6/22 Sofiane Ayari

Il est défendu par le brillant Maître Maalaoui : (qui a un petit accent du sud est) Il entame sa plaidoirie en expliquant, que ce jeune tunisien agé de 21 ans en 2011, s’engage contre Bachar, après avoir vu un père syrien tenant dans ses bras son jeune fils de 13 ans, torturé par la milice de Bachar. Il fait une description du corps torturé du gosse atroce, puis nous rappelle que la Syrie à cette époque c’est 70 000 morts, 200 000 disparus, un tiers des habitations démolies, la moitié de la population en exil ; Il dit alors que le jeune Ayari, touché par les images, s’engage à corps perdu dans les combattants contre Bachar et se retrouve dans les rangs de l’état islamique. Lui est ici, car militant de la cellule, envoyé par l’état islamique avec Krayem. Il a participé aux attentats de Forest, donc est déjà jugé en Belgique, d’où son droit au silence. N’était pas aux attentats de paris, ni de Zaventem, puisqu’il était en prison à ce moment là. Il demande d’allèger sa peine, vu qu’il en purge déjà une pour les attentats de Forest. « Il s’est mis à parler lorsque la maman d’une victime décédée lui a dit qu’elle avait besoin de comprendre comment d’aussi jeunes gens pouvaient se retrouver impliqués là-dedans. Il n’est pas le gourou de l’apocalypse, s’est réfugié dans le silence, se sachant condamné pour longtemps. » Il en profite aussi pour dire que « l’accusation n’a eu de cesse de rabaisser le débat au niveau de critique de l’islam, en s’acharnant sur des questions au sujet des habitudes en islam, des fast-food halal, de voiles, de la péridurale, des mosquées… On peut aussi remettre en cause ce point de l’enquête comme quoi, ils seraient tous interchangeables, et complices de tout, mais justement, non… » « Jusqu’à quand doit-on punir ? Parce que c’est la norme, parce quec’est ainsi, parce que c’est écrit, parce que c’est une association de malfaiteur, parce que vous avez mal pensé, bien fait ! On s’appuie sur l’absence, la frustration, se le désert probatoire, pour punir : les inexactitudes développées par le ministère public, la dichotomie existante entre avant l’infraction et l’infraction… » « La participation intentionnelle ou la complicité, (code pénal) doit présenter ces caractéristiques : Provocation de l’infraction, abus d’autorité, aide ou assistance à la préparation d’un crime, ce n’est pas la non-distance au crime , la neutralité qui doivent être condamnées, c’est la participation, l’intention consciente coupable… » (à ce stade, on se dit, bon allez, tout le monde dehors) Succède Maître Gultaslar qui fait une démonstration très géopolitique « En ce qui concerne mon client, il a été en Syrie, et on ne retrouve que très peu d’ADN dans une des caches où il a vécu, et en tous cas, pas sur les armes, ni les explosifs » Tolstoï dit « …plus le malheur est grand, plus nécessite fait loi ». Ce qui le rend complice, c’est un déplacement à Schipol en compagnie de Krayem, sans armes, sans explosifs…le sang ils ne l’ont pas sur les mains, ni leur conscience…depuis 2016, isolement, interrogatoires en Belgique avec musique à fond, il en a pour trente ans, « d’habitude les combattants de l’état islamique meurent en martyr, lui a refusé.. ; » et il glisse habilement qu’on s’énerve sur les salafistes, mais que les wahabites (arabie saoudite) s’y connaissent très bien en guerre (Yemen) et en executions… il trouve qu’Ayari « en tant que combattant, devrait être rapporté à un tribunal international, puisqu’il a agi en temps de guerre comme un guerrier. » Pourtant pour faire la guerre au terrorisme, il vaut mieux prévenir;en pacifiant la religion.

Jeudi 23/06/22 Mohamed Abrini il est magistralement défendu par Maître Violleau qui avec une colère contenue, présente la situation de son client : « …faire des choses de tous les jours, pour lui, c’est fini. Ce qui lui reste, c’est la dignité, la virilité.digne, car il essaie de garder des chemises propres, quand la prison lui en fournit, il se contient, quand on lui montre la tombe de son frère, il répond au mieux aux questions, depuis ce jour de 2016, où il est projeté au regard de tous. Il a gardé un comportement normal, au bout de 70 mois d’isolement et de prison QHS. « …Abrini, c’est le clair obscur, celui qui parle, mais trop peu, celui qui répond, mais s’arrête…il écrit des poêmes aussi, dans sa cellule, sans une faute, il connaît par coeur « l’homme épouvantable » qu’il écrit sans fautes sur un petit bour de papier. « …Abrini n’a jamais cessé de douter. La justice n’est pas une arme de guerre, ici, on résiste aux sentiments. « …Une enfance presque bien, mais il se définit lui même comme « échec au foot, échec à l’école, échec et mat »… il vit de cambriolages, pas violents, il s’arrange pour qu’il n’y ait personne, il partage volontiers son butin, pour rigoler avec les copains. C’est un bon copain, Puis lorsqu’il purge une peine de prison, il apprnd que son frère parti en Syrie, son frère préferé, celui qui partage sa chambre, est mort en Syrie. C’est le basculement. Pour juger, Mesdames, Messieurs de la cour, il faut comprendre. « …Il y part en sortant de prison, peu de temps après, et va voir Abaaoud (c’est son voisin de 20 ans), il est sur place, et il est le dernier à l’avoir vu. Ce dernier le missionne pour refiler de l’argent à des gens en Angleterre, des « amis », il y va. » « On lui reproche d’être allé au stade de Manchester, c’est un grand fan de foot, il y va en fan, pas en terroriste qui fait des repérages, c’est pas sa pauvre photo globale qui pourrait servir dans un attentat. » « …l’enquête présente des failles, au sujet des détonateurs qu’il aurait achetés dans un jardiland, le vendeur ne le reconnaît pas, c’est pas lui. « Au sujet des préparations des attentas, le 9/10 novembre, il dit lui même qu’il a vu Abaaoud. C’est Bakhraoui qui l’a emmené dans la cache, mais on y a jamais retrouvé la moindre trace d’ADN sur les armes, ni les explosifs. Des lignes téléphoniques surveillées, démontrent, qu’après la réunion, beaucoup d’agitation sur les lignes des principaux acteurs de l’état islamique… Le 12/11 il loue une voiture et va jusqu’à Bobigny, puis erre jusqu’au prochain train le lendemain…il n’ira pas se faire exploser le 13. « A cause du cloisonnement, il ne connaît pas les cibles, il est en Belgique, se fait oublier jusqu’an mars où depuis la Syrie on le motive à nouveau pour participer encore. Il doute encore, et, non Maître Makhtouf, ce n’est pas de la takya. Il a expliqué beaucoup de choses sans se justifier, on l’a moqué, (elle tacle Makhtouf qui est allée faire l’andouille à la télé « le chant des sirènes de la télévision ») Abrini est sage, pas de plaintes de lui en prison, il n’est pas violent, refuse peut être un peu tard, mais refuse.

« La perpétuité, c’est se prendre pour Dieu, éteindre l’espérance, ramener l’humanité au rang animal, on éteint pas la lumière des étoiles.
22 ans de sûreté c’est le néant, (et elle nous achève en nous décrivant l’isolement ): plus d’intimité du tout, œilleton, caméra, réveil à heure fixe, coups de poing des surveillants, hard-rock à fond comme à Guantanamo, l’isolement, c’est la honte de l’état. Un jour, ils l’ont changé de camion en transfert de Fresnes à Paris, il n’y avait plus de petit espace qui montre le dehors, la perpétuité, on appelle ça, la torture blanche. (aveugle, invisible).

Nous demandons une réduction de peine, et une adaptation en prison normale. Rappelons nous que l’état islamique a failli, car Abrini a toujours douté. Abrini a dit un jour, « si j’avais pu, j’aurais acheté la paix universelle ».
Je crois qu’il aurait encore des choses à dire… « 

Je vous laisse digérer ceci, la semaine prochaine, fin du procès, je vous raconterai, le deuxième avocat d’Abrini, la défense d’Andeslam, et la toute fin.

Ensuite je ferai un article sur ce que je pense de tout ça.
Pour le moment l’image qui me revient en boucle, c’est Abrini, qui tend ses mains au policier qui va le remettre en cage, pendant qu’on sort sous le soleil.

 

							
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Défense des accusés

Voici venu le temps de la défense des accusés 

Ils sont quatorze dans le box ; avec des peines lourdes requises par les avocats généraux allant de 5/10/15/30 ans de prison. On a déjà dit que chacun a agi ou pas à des niveaux très divers d’implication. On le redit, car j’entends encore des gens qui me disent, «  ah t’es au procès c’est pas trop dur ? » (non au contraire très intéressant), puis sans écouter la réponse « ah moi je suis pour la peine plancher hein, pas de quartier, faut payer et cher». (Très bien oui, payer quoi ?)

Cette semaine, ce sont les taxis, copains qui rendent service, location d’apparts et dépannages en tous genre.

Pour les petites mains qui comparaissent libres et dont la culpabilité a été sérieusement  mise en doute, les avocats s’évertuent à demander un acquittement.

Lundi 13 juin -d’après une compilation de journaux-

La défense d’ Attou, et d’Oulkadi, ils encourent 6 ans de prison ferme. Leurs avocats demandent leur acquittement.

Attou, qui est parti chercher Abdeslam à Paris avec Amri dans la nuit. La défense met en avant « son jeune âge (21 ans à l’époque) son alcoolisme, et sa dépendance au shit. Naïf gentil, il rend service à un aîné en qui il a confiance. »

La défense d’Oulkadi, insiste sur le fait qu’il est choqué d’apprendre la mort de son ami Brahim Abdeslam dans les attentats, par Salah dans la voiture qui les amène à Schaerbeek. Il est un ami de Brahim Abdeslam, et conduit Salah Abdeslam dans une planque  à Schaerbeek à son retour à Bruxelles.

La défense développe sur le fait qu’il n’était pas du tout au courant. Et on croit volontiers qu’il était juste l’ami d’un mec qui vrille tout d’un coup.

Mardi 14 juin :

Chouaa qui a emmené son ami Abrini à l’aéroport de Zaventem pour se rendre en Turquie croit-il (en fait c’est en Syrie). Il ne savait rien au sujet de la radicalisation de ce dernier.

Mais il l’avait dénoncé finalement, pour être parti en Syrie en juin 2015. Et ça aurait dû servir à remonter la cellule dans l’enquête, et aurait évité les attentats, ce qui est une bonne raison d’acquitter Chouaa.

Amri est celui qui est allé chercher Abdeslam à Paris avec le jeune Attou. Il est très bien défendu par Nogueras et Haeri.

Ils plaident la non perception du danger, de la radicalisation, il a loué des voitures et rendu des services à des amis dont il ignorait tout ; puis l’état de sidération (alors qu’il apprend que Salah et Brahim étaient dans le commando), l’a empêché de dénoncer Abdeslam.

Nogueras dit : « l’amour de l’humanité doit vous faire réfléchir. Je vous demande de l’acquitter, pensez-y. »

Mercredi 15 juin

Aujourd’hui on juge les deux gars arrêtés en Autriche en décembre 2015, en cours de rapatriement vers l’Europe dans un flux de migrants.

Usman le pakistanais, a beaucoup évolué dans son parcours de dévot musulman, de jeune étudiant en madrasa, où le libre arbitre n’existe pas, et selon ses avocats, il s’est ouvert à la liberté de penser par lui-même.

Maître Huylebrouck appuie la défense sur le conditionnel de ses actions violentes, peut être imaginées mais jamais réalisées : « on juge quoi ? pas de passage à l’acte, le conditionnel est de mise, il aurait pu, il aurait du… » il propose de tenir compte qu’aucun contact n’existe avec la « cellule belge ».

 «La lumière aurait pu dans son cas fendre les ténèbres…  il avait peur de l’étranger qu’il ne connaissait pas, comme on a peur des fantômes… puis arrêté à Vienne il a été peut-être touché par la grâce de Mozart… » bref il a bien évolué.

Et enfin « C’est parce qu’on est au milieu du gué qu’on doit l’être aussi au niveau des peines ».

Le troisième avocat enfonce le clou : « en ayant encore rien fait, il a commencé par 4 ans de prison ferme et à l’isolement. »

Voici le tour de l’Algérien Haddadi

Son premier avocat insiste sur le fait qu’il a toujours coopéré, qu’il s’est retrouvé en Syrie par goût de l’aventure, puis pris dans les filets de l’état islamique.

Puis il a profité de l’occasion pour partir en Europe, lorsque l’EI l’a envoyé en mission, en vue d’un projet dont il n’a pas encore connaissance. D’après ce qu’il avait dit pendant son témoignage, c’était l’occasion de fuir.

Le second avocat Maître Dordilly, rappelle que le QER, Quartier d’Examen ( ?) de la Radicalisation avait dit à son sujet qu’il n’était ni violent, ni dangereux. Que les critères de jugement dont on doit tenir compte, sont sa personnalité, sa coopération, sa dénonciation.

Jeudi 16 juin

C’est au tour de Karkach qui a bidouillé des papiers. Il pensait naïvement que ça servirait pour aider des réfugiés syriens…et pour avoir de l’argent pour envoyer au bled à sa mère malade.

Son avocate Lefrancq, nous rappelle à sa condition de père de famille gentil, qui n’aurait pas pu agir en connaissance de cause –violente- et ne peut être condamné pour association de malfaiteurs terroristes.

Son autre avocate, rappelle qu’il a déjà fait cinq ans et demi de provisoire, c’est déjà trop.

N’est-ce pas ? pour moi c’est trop tout, en plus je suis un peu claustrophobe,  il faut s’imaginer dans une cellule de 9 mètres carrés…d’ailleurs les accusés avaient très bien expliqué la folie générée par l’isolement, pas de bruit, pas d’échanges, pas de vraie lumière, très peu de visites.

Alors, peut-on transformer sa peine pour faux et complicité ? demande ses avocates… auquel cas, il a déjà payé bien cher.

Vendredi 17 juin

Ali el Hadad Asufi encourt 16 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste. On dit qu’il était en relation avec des hollandais pour acheter des armes.

Ami d’enfance d’Ibrahim Bakhraoui, pas de bol, (explosé à l’aéroport de Bruxelles) il est l’auteur de textos échangés avec ce dernier, « t’en veux combien de kilos ? «  or, dit son avocat belge marrant, Maître de Taye, « un kilo de frites peut-être, j’ai jamais vu qu’on vend des armes au kilo… »

Textos et rencontres avec Ibrahim Bakhraoui. « Sa condamnation pour les armes ce sont des armes de catégorie 4, couteaux pistolets à bille, arbalète »… il enchaîne « j’ai réussi à convaincre le parquet que Monsieur Hadadi el Asufi est un trafiquant de stups, j’aurais pu être au parquet, je vais songer à me reconvertir ». Il démonte l’enquête belge en disant que les choses n’ont pas été approfondies, en se moquant d’un prétendu trafiquant d’armes à vélo entre autres.

Puis il démontre avec un simple texto, « mais t’es où ? » sans nouvelles delui, qu’Hadad el Asufi ignorait tout de la radicalisation de son ami.

Il l’avait accompagné à l’aéroport pour, croyait-il la Turquie, d’où il n’avait plus de nouvelles de Bakhraoui passé sans le prévenir en Syrie. S’il sait que son ami va à l’état islamique, il n’a pas de raison de se poser des questions.

Suit une splendide plaidoirie de Maître Menya Arab Tigrine.

Elle montre avec finesse que tous les barbus avec qamis religieux relous, ne sont heureusement pas des terroristes, que « des esprits bornés y’en a plein les campagnes et plein chaque religion » il n’existe pas de signes évidents de la radicalisation des terroristes en général, et pas dans le cas des fréquentations des accusés présents ici. Il s’en est rendu compte sur la fin de l’été 2015 et a coupé les ponts avec son ami Bakhraoui par ce texto « je ne peux plus rien pour toi ».

« …Ali Hadad el Asufi n’est pas du tout du tout du tout radicalisé mais trop proche d’un monstre ».

Et elle termine magistralement par « la mémoire pour exister n’a pas besoin de la drogue d’un procès » et encore mieux : « rangez ces religions au placard et jugez ».

Le dernier de la journée propose de tamiser dans le tas de déclarations et de voir ce qui reste à charge :

  • avoir conduit Ibrahim Bakhraoui à l’aéroport pour initialement la Turquie
  • être allé avec lui à Athènes en juillet 2015 sans y rester
  • lui avoir loué un appartement en septembre 2015
  • l’avoir fréquenté en novembre 2015

et demande à la cour de se remettre à la hauteur de son client.

Et conclut par « on ne rentrera pas dans l’histoire, on aura juste fait notre boulot. Acquittez-le. »

Eh bien voilà une semaine avec des accusés finalement accusés d’avoir fréquenté les mauvaises personnes au très mauvais moment. Ils ont l’air d’être défendables, et pourtant ça a l’air déjà bien difficile.

Cette semaine, c’était déjà des plaidoiries brillantes.

La semaine prochaine nous promet un beau feu d’artifice, vu nos accusés indéfendables qu’il reste et que sont Atar, Bakkali, Abdeslam, Krayem, Ayari, Abrini.

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Dernière occasion pour les accusés de parler

C’était la dernière semaine pour eux de tenter de justifier, d’expliquer ce qu’ils ont fait ce fameux 13 novembre.

Alors, on peut rester au ras des pâquerettes et penser que tout ça, c’est un procès inutile, qu’on veut la loi du Tallion, dent pour dent, peine de mort, peine plancher (de Pécresse), à mort, tous coupables, sans distinction.

Au début, oui j’avais encore la rage, et le jugement un peu rapide, en plus, les 4 barbus que sont Abdeslam, Krayem Bakkali, et Ayari, m’inspiraient plutôt une image d’islamistes radicaux, dignes du GIA, pas très gentils avec les mécréants dont je fais partie, et pour lesquels je n’éprouvais aucune empathie.

Mais ça devient impossible de penser comme ça, quand on s’est farci 9 mois de procès, et qu’à chaque occasion d’écouter ces personnes, on a évolué dans nos jugements. Car, ils sont des humains et méritent qu’il existe un dialogue, une écoute, c’est bien ça, la justice à la française, ce que rappelle sans cesse Périès, le chef du procès. On est pas dans un pays de sauvages, et c’est encore ce qui caractérise l’héritage des lumières.

Laissons nous donc éclairer l’esprit, tant qu’on peut encore le faire ici. Le temps d’une grossesse, nous avons réussi à accoucher de la véracité presque totale des faits de ce 13 novembre, grâce aux enquêtes, aux témoignages, mais aussi, on doit le reconnaître, aux interventions des divers accusés.

D’aucun diront qu’ils dissimulent et qu’ils manipulent pour sauver leur peau. La vérité, c’est qu’il n’y a déjà plus grand chose à sauver, car tout le monde sort brisé de cette sale expérience, les victimes, comme les accusés. Certains ont déjà fait 7 ans à l’isolement, « ils l’ont bien cherché » diront les ignorants, il faut imaginer ce qu’est l’isolement carcéral, et les accusés savent que ce n’est pas fini. On peut donc, entendre ce qu’ils nous disent, puisqu’ils savent que c’est déjà perdu pour eux et qu’ils vont en prendre encore pour longtemps.

En 9 mois de procès, ceux qui l’ont vécu ensemble en sortent transformés. Au départ, j’avais une opinion tranchée, et les accusés pour la plupart refusaient de communiquer. La proximité physique, les regards échangés, les voir bouger, parler entre eux, les expressions, de lassitude, de désespoir, de colère, d’ennui, imaginer leur réintégration en cellule après 8 heures quotidiennes de procès, quand on sort au soleil libres, ça modifie l’opinion. Les émotions sont palpables ensemble dans la salle, elles ne le sont pas dans les articles froids, sans recul, sans angle.

C’était long, mais les échanges ont été productifs :

Ayari qui refusait de parler, a témoigné après avoir entendu une mère en deuil s’adresser aux accusés directement, et parler de son incompréhension face à des jeunes qui auraient pu être ses propres enfants.

Salah Abdeslam, qui refusait de parler aussi ou faisait des tirades provocatrices et inutiles, s’est mis à tout déballer ces trois derniers jours, et m’a touchée personnellement. Je le prenais pour un gros crétin méchant incapable de sentiments, j’ai découvert une personne faible sous l’emprise de son frère, manipulable et malheureux.

Abrini, comme Abdeslam a vraisemblablement refusé de se faire exploser également, cas de conscience, ou lueur d’intelligence, en tous cas, comme les autres il dit n’avoir tué personne.

Krayem qui ne veut rien dire, a été présenté par plusieurs témoins comme une personne réfléchie honnête et protectrice avec les siens.

Bakkali au final, semble être une personne intègre, victime également de tromperie.

Quant aux autres, ils ont l’air d’avoir été utilisés, floués. Pas de chance, les liens fraternels, d’amitié, et de copinages, ont pris le dessus sur la méfiance. (Ce qui semble incompréhensible pour la cour, qui vient d’une classe sociale dans laquelle on ne se rend pas service de cette façon là).

En fin de compte, au lieu d’une cellule ultra-organisée, c’était une mini secte avec Abaaoud en gourou local.

Dans les comptes rendus de journaux, on a des extraits, il manque des mots parfois essentiels, quand je cite les interventions, j’essaie de les restituer le plus fidèlement possible.

Ces jours-ci, Abdeslam a bien expliqué ce qu’il faisait et quelle était sa mission.

On a compris que trois jours avant les attentats, son frère l’a embarqué dans une réunion avec Abaaoud, qu’ils l’ont convaincu de participer à la surprise party du 13, en déposant les trois premiers kamikazes au stade de France, puis, qu’il devait se faire exploser dans un bar du 18ème vers Simplon. Il dit qu’il a renoncé à le faire, en voyant une jeunesse en joie tout autour de lui et qu’il a désamorcé son gilet.

Un avocat de partie civile fait un cirque répétitif (ça dure 12 mn) qui vise à démontrer que son gilet explosif analysé a montré qu’il était défaillant, et que c’est la raison pour laquelle il ne s’est pas fait exploser, et pas son empathie soudaine. Sa démonstration me semble bancale, puisque le gilet a été expertisé après qu’Abdeslam l’ait désamorcé. Bref sa longue intervention énergique ne sert pas à grand chose…

Ensuite Abdeslam continue, explique qu’il n’était pas très chaud au départ pour abandonner sa vie terrestre, (il devait se marier quelques mois plus tard), mais devant l’insistance d’Abaaoud et de son frère qu’il admirait, il a accepté. Il avait déjà loué les voitures des commandos à son nom pour ne pas décevoir son frère. Il ajoute que les cibles étaient vaguement repérées mais pas très préparées, qu’ils ont frappé là où il y avait du monde, au hasard. Il était très troublé et l’a fait à contre-cœur, qu’il dit.

Puis il dit une maladresse  » je suis content que certaines parties civiles en soient sorties plus fortes » en parlant d’une qui est devenue journaliste -pas moi ah zut- et d’une autre qui est devenue médecin. Là il y a dans la salle un mouvement de recul, mais au fond il n’a pas tort, même si on ne fera pas revenir les morts, et que des vies sont brisées pour l’éternité, certains ont su saisir l’opportunité pour changer de vie et mettre à profit dans des nouveaux projets, l’argent du dédommagement du fonds de garantie. D’accord, c’est pas politiquement correct et c’est surtout pas à lui de dire ça, mais les faits sont là.

Beaucoup d’entre nous trouvent que son avocate est très douée et qu’elle sait bien le faire parler à son avantage. Pour moi à ce moment là, il a l’air sincère, d’ailleurs il dit « je vous dis la vérité, je n’ai aucun intérêt à mentir je suis déjà condamné ».

Il a également parlé de la politique étrangère française, et dit que si la France s’était engagée auprès du peuple syrien au lieu d’envoyer des armes à Bachar, rien ne se serait déroulé comme ça. Ah ouais, c’est pas un idiot, hein…

Ensuite dans un silence de mort, il présente ses excuses à tous, aux parties civiles, à ceux qu’il a embarqués malgré eux, ses chauffeurs Amri et le jeune Attou, et son touchant « j’aurais du le protéger comme mon petit frère, je n’ai pas su ». Sa voix est beaucoup moins sûre que quand il nous avait sorti la profession de foi « Allah est unique et Mohamed est son prophète ». (le truc écrit comme un handicapé en arabe sur le drapeau de l’état islamique…sigh.).

Là, j’ai une impression mêlée de soulagement d’avoir pu reconstituer la chronologie presqu’en entier, une question demeure au sujet de Roissy et d’Abaaoud… Soulagée d’avoir entendu des humains et pas les monstres qu’on avait imaginés.

J’ai aussi une impression de gâchis immense…Je voudrais qu’on passe à autre chose, qu’ils puissent refaire leur vie, je ne leur souhaite pas vraiment plus de prison qu’ils en ont déjà fait. De toute façon, ils ne se sont pas fait exploser, ils le feront jamais.

Nous, la nôtre de vie ça fait déjà 7 ans qu’on avance comme on peut, mais on est libres c’est plus facile.

Impression d’inquiétude aussi : finalement c’était un peu bancal tout ça, on aurait pu vivre un truc encore pire si Abaaoud n’avait pas été arrêté, si les bombes avaient été plus puissantes, si les mecs armés étaient mieux renseignés, si tous les jihadistes étaient arrivés à bon port. Combien d’autres sont sur la listes des prétendants à la bombe humaine ? Ensuite, il se passera quoi ? Quelles politiques on met en place pour éviter l’engouement au djihad ?

Niko me dit « je crains qu’on ait pas attrapé le poisson entier ».

En effet, on a qu’un seul poisson pilote, le banc de requins va sortir bientôt du récif.

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Les accusés parlent (ou pas)

Fin des accusés (trois jours où j’étais pas) Mercredi 8 février


Je compile les articles des autres pour résumer
Aujourd’hui c’est la star, tous les journaleux, qu’on ne voyait plus guère au tribunal, se sont retrouvés entassés à interroger. Le matin même, LCI m’a demandé si je voulais bien faire l’andouille en direct pour dire « ohlàlà Abdeslam… », mais les autres ils savent à peine qui c’est.
Donc le « monstre » arrivé décontracté, chemise blanche, et pour une fois, il parle.
Salah Abdeslam, le gars qui aime bien faire des blagues.
Si on résume tout son blabla :


1 Il a une part de responsabilité mais n’a tué personne, et en conséquence, alors qu’il aurait eu un cas de conscience au moment de se faire exploser, il trouve le moyen de dire, que comme les peines sont extrêmement lourdes vis à vis des terros (on voit qu’il connaît pas bien l’Amérique), le prochain n’aura pas de cas de conscience, puisqu’il sait que ce sera perpétuité et se fera sauter. (Autrement dit, va-z-y j’ai rien fait, 5 ans d’isolement, je suis au bout, relâchez moi.)


2) Il voudrait bien refaire sa vie là où on ne le connaît pas, quelque part en Orient et assure qu’il n’est pas dangereux. Mais cependant, il a été un combattant, non violent.


3) Il s’excuse d’être incompris des victimes et met en avant sa maladresse. (c’est sûr, c’est maladroit de conduire un commando de la mort).
4) Son engagement est d’abord politique, et le retour de son frère Brahim a
accéléré l’engouement pour les accompagnements en voiture.


5) Enfin il justifie son engagement dans le jihad par la crainte de Dieu (Médiapart dit que c’est sa réponse la mieux de la journée, ils déconnent des fois médiapart). Par contre il divague au sujet de l’état islamique qui fait bien les choses religieuses, et de la faute à François Hollande quant aux attaques simultanées du 13 novembre.


En fait, sa meilleure réponse c’est la dernière : des attentats il va y’en avoir encore, pour l’état islamique c’est pas terminé.
Donc on revient au point de départ, qui pour moi, n’est pas tellement de juger
ces gens là, mais de savoir ce qu’on mettra en œuvre à la suite du procès
pour éviter ça.

Jeudi si j’ai bien pigé y’a eu rien du tout car les témoins de Salah Abdeslam, ne sont pas venus.

Vendredi 11, El Hadadi Asufi


Personne pour l’écouter, la salle est à nouveau vide.
Lui c’est les armes qu’il est supposé avoir fourni.
En plus il bossait à l’aéroport et était ami avec Brahim Bakhraoui qui s’y est fait exploser. (sacrée coïncidence).
Sa mère et sa sœur viennent témoigner ; il est très drôle, sociable, sympa, non jamais il va fournir des armes, oui il rend des services car il est sympa.
El Hadadi Asufi parle, au sujet de sa radicalisation non rien à signaler, par contre il accompagne son copain, Ibrahim Bakhraoui, pour qu’il s’envole en Turquie « se planquer » après un casse de plus.
Et Bakhraoui revient trois semaines plus tard, ensuite il l’accompagne aller-retour de 24 heures en Grèce. Ensuite y’a une histoire de croisière qui trimballe les deux frères Bakhraoui à droite et à gauche, dont la réservation se trouve chez Hadadi el Asufi lors d’une perquisition.
Alors ça commence à faire.


Comme beaucoup d’accusés ils rendent des services qui leur coûtent aujourd’hui très cher, la question demeure, en connaissance de cause (ils nient ?) ou réellement pas (ils sont niais ?)

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Les accusés et la religion 3

Mardi 1 février 2022
(Krayem boycotte toujours)


Yacine Atar

On lui reproche des trafics de voiture « j’achète et je vends », avec les frères Bakhraoui, ses cousins, des trajets suspects, ainsi qu’un engouement pour l’état islamique certain, dont son frère Oussama (!) est devenu cadre en Syrie.
Périès relit des échanges SMS qui figurent dans les rapports de la DGSE belge, et l’interroge au sujet de sa radicalisation.
Sms (les zesèmess) adressés à sa femme afin qu’elle évite une piscine mixte, qu’elle n’accouche pas avec un mais une gynécologue, adressés à sa sœur, afin qu’elle rudoie ses enfants s’ils ne font pas la prière…et au sujet du maquillage qui ne convient qu’aux femmes mariées…
Bref, il s’est mis dans la merde, prétend ne pas être radical, et pour sa seule défense dit « oui mais dans les zessemèssses, y’a ahahah, ça veut dire que c’est pas sérieux.. »
Périès continue de sortir des trucs de son compte FB contacts mal appropriés, et phrases qu’il aurait mieux fait d’éviter, genre mécréants, jihad, etc…(son frère Oussama Atar était quelqu’un à l’État islamique mort en martyr) alors son fils s’appelle Oussama (bravo, c’est comme Adolphe ici
quand même)…

On trouve aussi du « belgique et europe de merde, menaces physiques sur sa femme « moi jamais de la vie, des violences ? voilà bon je suis musulman…dounya ça veut dire terre ? »
(non c’est vie crétin)
… à propos d’un contact douteux E.I, « Saïd ? Non euh ben c’est des contacts FB, j’en ai plein, par exemple j’ai Djamel Debbouze. » (il va être content Mr Debbouze).
Son ami al Asri a dit de lui que tout à coup il était devenu chiant, plus de rigolade, plus de sorties, ? En rapport avec la religion ? « non c’est parce que je me suis rangé, je suis marié tout ça… »
Au sujet de la radicalisation des frères Bakhraoui, il cafouille « non j’ai jamais rien vu.. ; » Périès dit « ben comment ça se fait que vous ayiez rien vu ? Parce qu’à ce moment là ils commencent à pencher, hein, sérieusement ! »
et blablable « …je sais que je suis une pipelette, laissez moi répondre » (il fait ça depuis deux heures…
Quel type de conversation avec les Bakhraoui ? (nombreux échanges SMS)
« ah euh ben des échanges banaux (!!!) (il dit banaux trois fois), très clairement c’est des sujets banaux , si vous serez (!!!!) venus chez moi… »

Heureusement qu’il a sa sœur et sn oncle comme témoins ; tous les deux disent vraiment qu’il n’est pas du tout radicalisé. Sa sœur dit qu’Oussama, celui qui a rejoint l’état islamique n’est plus son frère depuis longtemps, que son vrai frère c’est Yassine. Son oncle nous dira même « pour moi Yassine, c’est le fils spirituel de Bacchus, le dieu du vice et du sexe » (mais pas du vin).


Au sujet des faux papiers de la voiture balai-terros, « ah oui mais par après ça m’a fait tilt, ah oui je viens de me souvenir ! »… il alterne avec « ah je ne sais plus me souvenir… » et « je parle beaucoup, Monsieur le président, excusez moi »… « UI (belge) non Ui, je n’ai jamais su, euh je peux prêter
serment »
« ah non ! dit Périès, on est pas dans le système américain ! » mais tout ça pour dire rien du tout en fait.


Voici Attou (mon préféré)

Pour rappel le jeune Attou 21 ans en 2015, était dans la voiture avec Amri qui a récupéré Abdeslam à Châtillon-Montrouge.
Attou, on ne lui pose pas de questions sur la radicalisation, il est complètement en dehors ; il dealait pour le compte de Brahim Abdeslam, on ui demande c’est quoi ces trois mandats cash qu’il lui a envoyés au Maroc.
Il répond, « c’est le fruit des ventes de shit, l’argent des stups, c’est à lui, 5000 euros en deux ans, je suis désolé, c’est pas beaucoup ».
Oulakadi a dit (jakadi?) que les vidéos de l’état islamique, tout le monde les regardait au café.
Attou répond « ben s’il le dit, moi j’ai rien vu, ce café c’était surtout les stups, sinon les autorités belges seraient venues, on était surveillé pour les stups,pas pour la radicalisation ».
Et son rapport à Brahim Abdeslam : « c’est mon patron, j’ai rien vu venir de sa radicalisation »

Avocat de parties civiles : « mais il serrait plus la main aux femmes ? Il visionnait des vidéos ? «
« les vidéos il était discret, et les femmes, il continuait de leur serrer la main, d’avoir des copines… »
Et lorsqu’un avocat d’un autre monde lui dit « mais vous allez à 4 à l’aéroport de Zaventem chercher Brahim à son retour de Turquie ? »
« «vous pouvez pas comprendre, on est pas de la même classe sociale, nous on s’entraide, on peut aller à 10 chercher une baguette… »


Quand les avocats de la défense le questionnent au sujet des accusés, leur client respectif :
« Amri n’était pas religieux, il fumait, je lui ai beaucoup avancé du shit,
Brahim Abdeslam non plus, il était bienveillant avec moi, n’avait pas l’air dangereux… y’a un voisin qui a mis une bougie devant le café quand il est mort quoiqu’il ait fait ; il avait une double vie »
Au sujet de Salah « il m’aidait, c’était moins un patron, plus un copain, aujourd’hui je lui en veux bien sûr»
L’avocat d’Oulkadi parle d’un copain de la bande, El Hassani qui aurait dit que « Brahim ça se voyait il était devenu plus méchant » .. il répond habilement « ben posez lui la question , je sais pas moi j’ai rien remarqué » (il est malin ce petit.)
Et enfin, un avocat de la défense, lui demande si sa vision du café et de ce qui s’y passait n’était pas altérée par sa consommation de shit.
« je dis pas qu’on est con con, mais on est défoncé en tous les cas » (j’espère qu’il prendra pas trop cher).

Mercredi 2 février

Voici un témoin éducateur Olivier van…ecke…(avec un nom flamand en Van) .. qui a travaillé à Molenbeek. Il a été missionné par la ville dès 2014 (jusqu’en 2020) pour faire du lien avec les familles de plus en plus nombreuses, dont les gosses partaient en Syrie. Son boulot c’est d’essayer en équipe, mais lui c’est le boss, de récupérer des jeunes avant qu’ils ne partent en Syrie ou de les évaluer à leur retour ou à leur sortie de prison. Donc il a eu affaire à Attou et dit qu’il n’y a chez lui aucun signe de radicalisation, de violence ni même de religion.

Il aime le mot continuum utilisé 7 fois dans sa grande explication sociologique, clairsemée de vocabulaire de l’éducation populaire (plateforme de concertation, learning by doing, -apprendre sur le tas quoi-, capital guerrier, dimension communautaire, socialisation, tribalisme) , et il se la pète un peu aussi avec son look de métalleux propre.

La cour qui est très impressionnée qu’un gars de cet acabit (tête rasé avec chignon, fringues « j’aime Lemmy »…) puisse maitriser sa langue de métier avec une aisance aussi fluide, n’arrête pas de lui poser des questions inintéressantes Ce moment fait penser au petit passage chiant de la BD « la cellule » (le reste est bien) où l’auteur dessine un faux repas entre les enquêteurs et leur famille pour placer sa science en matière d’étude sociologique, d’analyse psycho sur fonds de géoplitique. La BD est vraiment intéressante, mais ce passage est super relou.

Et il atteste que le café des frères Abdeslam a bien fermé en Aout 2015 pour trafic de drogue, mais pas du tout pour radicalisation.

Nogueras (défense) en profite pour placer  » en somme ce qu’on reproche aux accusés c’est de ne rien avoir vu venir, dans la radicalisation de certains, c’est ce que vous avez mis des années à comprendre ?

Jeudi 3 février je ne suis pas là, c’est le tour d’Oulkadi. Apparemment il n’a pas dit grand chose, Il comparait libre comme Attou et Chouaa. Il avait pris Salah Abdeslam à la suite d’Amri et d’Attou qui l’ont déposé dans un café à Bruxelles, et l’a emmené à Schaerbek, dans un appartement. C’était pas une bonne idée.

Vendredi 4 c’est le tour de Chouaa.

La femme de Chouaa témoigne : Elle présente ses condoléances aux victimes, dit avoir rencontré Chouaa au boulot en 2016 (il était libre) et puis comme il a été arrêté il lui a expliqué le bourbier dans lequel il s’est mis. En 2018 elle est enceinte de 6 mois, et la police défonce la porte, emmène Chouaa, l’interrogen, le relâche, puis la France l’arrête à nouveau en pleine rue. Il n’est pas très religieux, ne pratique jamais, mais soupçonné de collaboration, car voisin de tous à Molenbeek. Il prête sa maison, son ordi et sa voiture assez facilement ; on a retrouvé des choses compromettantes sur l’état islamique dans son ordinateur, et des téléphones perquisitionnés chez lui, mais les témoignages des accusés disent tous qu’il était en dehors de tout ça. Abrini, son pote, a même dit « qu’on se marre bien dans sa maison qui est un peu la maison du quartier. »

Abdellah Chouaa dit que son grand frère a voulu se venger du divorce de son père et de sa mère, en accusant à tort son père d’être radical. Il est imam et met des baffes à Abdellah pour qu’il aille à la mosquée. « Vu comme ça, certes bien sur bien sur ça semble radical (c’et son tic de langage, les questions durent longtemps mais il dira 14 fois bien sur bien sur, et 10 fois certes),je me rends compte que j’étais con à l’époque, tout le monde passait par chez moi sans que j’y soie, mon ordinateur servait à tous, y’en a qui dormaient là… ». Il répond à Périès au sujet d’Abrini :

« je n’ai jamais compris qu’Abrini était radicalisé, il cherchait son frère…il était souvent chez moi très généreux, son argent provenait des casses, il en avait beaucoup mais partageait, faisait profiter tout le monde, c’était plutot mile deux mille que 100 euros… oui il a du regarder des choses sur la Syrie dans mon ordinateur, mais pas que ça, hein, y’avait des films pornos aussi, on risquait pas de le penser radical..; » … » Dahmani on allait avec lui tous les jeudis dans des soirées salsa…

Périès dit au sujet d’une conversation à part entre Dahmani et Abrini « ah alors ils faisaient de la takya ensemble?  » (c’est dissimulation, le mot qui convient à un procès de terroristes)

Chouaa répond : « ah Monsieur le président, je sais même pas ce que c’est de la takya…ils ont parlé discrètement entre eux, mais comme Dahmani vendait de la blanche, de la schnouf, quoi (c’est belge), j’étais certain que c’était à ce sujet là. »

Puis, il s’agit de deux numéros de téléphone, dont la fin est 033 et 241 -ça va durer, heureusement y’a du bien sur bien sur et certes pour nous distraire- que les enquêteurs belges ont tracés et attribuent à Chouaa, or y’en a un des deux, le plus sulfureux avec des coups de fils un peu orientés bricolage terroriste, que Chouaa a toujours nié posséder. Cette conversation va durer et nous permettre de réaliser à quel point on est fliqué, (rien à envier à la Chine) car on comprend que le téléphone est suivi et tracé, en « bornant » à des tas de relais qui permettent de suivre tout ton trajet exactement.

Ensuite viennent les questions embarrassantes auxquelles il répond « ben je vou zessplique, c’est simple bon j’avais pas d batterie et ‘est pour ça euh non j’ai jamais eu ce téléphone » et « vous allez chercher Abrini à son retour de Syrie mais vous êtes en colère de son mensonge? » « oui il m’a dit qu’il allait en Turquie mais après quand je l’ai su je l’ai dénoncé aux autorités pour le protèger et je suis allé le chercher à l’aéroport j’étais content qu’il revienne, c’est mon pote »..;

Mais sauf qu’Abrini est revenu par Paris CDG, et qu’il a fait la route de Bruxelles à Paris, qu’au dernier moment ce relou d’Abrini lui a dit de le récupérer Porte de Clignancourt et qu’on saura jamais pourquoi. Chouaa dit qu’il est allé le chercher en toute bonne foi et sans poser de questions. Puis Maktouf pose des questions qu’on ne comprend pas, il répond « peut être c’est ça oui », Au sujet d’une mosquée dans le 18eme, son avocat dit « ah non on va pas parler de ça », il répond « désolé Maître Maktouf deux fois, Périès intervient et dit « voyez qu’il est de bonne volonté, alors répondez c’est une histoire de mosquée? » il dit « ouieuhnon » Périès dit « alors continuez », et il change de sujet… » Abrini c’est pas le même aujourd’hui, hein à l’époque y’avait une fille qui venait le chercher en twingo … tUingo en belge…

Un avocat de partie civile lui demande au sujet d’un emprunt bancaire qu’il aurait fait au même moment qu’un mandat bancaire, il répond « ah non Abrini il avait toujours 3/4000 euros dans les poches » l’avocat insiste Périès fatigué intervient « on a compris la question…et la réponse… il a bientôt fini…la question est simple » Il n’en peut plus, et nous non plus.

Mais toutefois ça s’éternise, on revient au sujet des téléphones, « comment vous comprenez qu’on y arrive pas? » dit un avocat, Chouaa répond « c’est à mon avocat de faire ce travail » -bien vu- son avocat intervient « ce numéro a été attribué à Abrini pendant deux ans » Périès extenué, dit « je crois qu’on a fait le tour ».

Encore un peu de partie civile sans intérêt, puis la défense :

l’avocat d’Abrini lui demande de préciser, qui était Abrini avant, il répond « c’était mon ami, la fête, les boîtes, les casinos, les filles, on a bien ri, j’ai rien demandé… » « il aimait bien le foot? » demande l’avocat » Chouaa pleure et ne répond pas. Un mini incident, ar au même moment ça rigole du côté des parties civiles.. Chouaa se ressaisit « il adorait ça, fan du Barsa, du Real, aucune pratique religieuse, j’avais confiance en lui, sa femme était dingue de lui, elle a jamais mis de voile… on a eu beaucoup de bons moments ensemble, j’arrive pas à y croire, aujourd’hui je lui en veux »

Une dernière question au sujet de l’argent envoyé à Abrini en Turquie, on découvre que c’est Dahmani qui lui a envoyé très probablement.Périès demande « mais qu’est ce qu’il fait la nuit à ce moment là? » Chouaa répond, « ben c’est le ramadan, il s’amuse » y’a un blanc.. »Monsieur le Président, la nuit au ramadan, on s’amuse ». Abrini à qui on demande, ne veut rien dire de plus. On s’arrête enfin.


							
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Procès 13/11 les accusés et la religion (2)

Comme Asufi était covid la semaine dernière on a repris que mardi 25 janvier avec Usman. Je n’y étais pas, d’après le compte rendu de Charlie, assez fidèle, Usman (le type arrêté en Autriche en compagnie d’Hadadi l’Algérien, veut juste rentrer au Pakistan, n’a pas participé, aux attentats. En effet, il était en prison en Autriche, heureusement, parce qu’il était sur la route… Nous entendrons une dame du QER
quartier d’évaluation de la radicalisation (groupe de personnes qui essaient de déceler parmi les détenus, leur niveau de radicalisation) à son sujet demain.

Mercredi 26, Bakkali


Il est rasé de près, la tête, pas la barbe, et dit « je ne suis pas en capacité de vous répondre, j’ai eu un procès hier (le Thalys) je ne suis plus en capacité de répondre, parce que quoique je dise, je suis déjà jugé , je suis fatigué démoralisé ».

Donc il a été condamné hier pour peut-être avoir ramené en voiture des terroristes (Khazzani le gars du Thalys , toujours vivant et Abaoud qu’on ne présente pus) de la Hongrie, et de l’Allemagne en Belgique.
Bien que Khazzani qui tire sur les gens dans les trains, dise ne pas le reconnaître comme chauffeur, vu qu’il a loué des voitures à son nom et que les terroristes se sont retrouvés à Verviers, justement son patelin en Belgique, il a pris 25 ans de prison ferme. Donc ça l’a séché le jugement d’hier, normal alors il ne parle plus.

Périès essaie de le motiver, « vous pouvez faire appel, tentez votre chance» Bakkali répond « dans des affaires de terrorisme aussi graves ? » la salle d’audience rit. (aucune pitié). « de toutes façons, ce qu’on vit actuellement, ici on ne voit que ce qui est apparent, je suis pas bien, ce que je vais dire sera interprété».
Périès temporise ; « on va évoquer ce qui a été dit, puis si vous voulez intervenir, vous pourrez, n’hésitez pas à demander la parole ».
Mais Bakkali se tait.

Périès le cite d’après les dépositions successives, « je ne suis pas d’accord avec les actes terroristes, je les condamne » mais comme on a retrouvé des tas de chosestelles que mécréants alliés du diable, jihad moujahidins récompensés, ténèbres et désordre, bienfaits de la charia, dans l’ordinateur chez ses parents, il dit « on aurait bien aimé vous entendre à ce sujet plutôt que le silence…Vous connaissez ces Pdfs ?
Bakkali ne dit rien.
Péries continue  » …vous fréquentiez les trois mosquées de Verviers ( !!! pour 50 000 habitants, sont fous les belges), collectes pour la Syrie, l’état islamique ? l’humanitaire ? Échanges téléphoniques avec les frères Bakhraoui (les 2 explosés à l’aéroport de Bruxelles), faux papiers, location d’un appartement pour Brahim Bakraoui… et dossiers clairement radicaux dans l’ordinateur, alors dites nous y’a Abaoud aussi ? « 

On ne le saura pas.
La cour (assesseurs, ministère public,) les avocats, tout le monde insiste, « venez nous dire par respect pour les parties civiles qui veulent comprendre »… RIEN.
Les avocats de la défense essaient de sauver leur client respectif ; « …dans l’intérêt d’Atar, vous avez dit que c’est un musulman très assidu, en fait non hein, alors ? ». Toujours rien.

Ensuite, à la lecture des dépositions de sa femme, on comprend que c’est un gentil papa, honnête etinvesti, et très religieux quand même. Et là à force d’être à l’isolement, il a des crises d’angoisse.
Ok pause, puis on a son frère Abdelmajid, qui vient témoigner. Il a la même voix que Mohamed Bakkali. Alors son frère est une personne calme, empathique, intelligente, qui ne fait rien d’illégal. Qu’en plus Verviers est à 100 km de Bruxelles, et que c’est une petite ville sans histoires par rapport à Bruxelles, c’est là bas que t’as de mauvaises fréquentations ».
Périès demande « et à propos de la radicalisation ? » il répond « on a pas la même perception de la radicalisation, 5 prières et les piliers de l’islam, normal quoi… »
Il explique qu’il est parti au Maroc en mai 2014, monter une affaire et qu’il a laissé les clés de son ancien appart chez ses parents pour le courrier, pour quand il revient en famille de temps en temps, avant son installation définitive au bled… et que Mohamed a dépanné un des frères Bakhraoui dedans sans le lui dire. Par gentillesse… « il a mis quelqu’un dans mon appart sans que je le sache, c’est interdit ça, quand je suis rentré en septembre 2015 pour quitter définitivement l’appartement, mon frère était mal à l‘aise quand il est venu me chercher à l’aéroport ».

Encore une occasion de déceler le fossé de classe sociale… avec les questions de la cour : « …donc vous avez touché le chômage et gardé votre appartement en Belgique pendant tout ce temps ? » (tu les vois venir?)

« ben c’est pas facile de partir hein, faut être sûr de son coup, en famille en plus… c’est pas pour profiter du système hein, je le payais mon appartement, et le chômage j’y avais droit.» (non mais)

« …des dépositions de voisins disent que vous avez déménagé 7 matelas » « ah non c’est la déposition de Monsieur Boncart, un bon raciste (avec l’accent belge), parce que comme j’ai fait le déménagement avec mon équipe de foot après un match, on a fait ça le soir, on a tout sorti en 20 minutes, il a dit qu’on a fait vite, comme si j’avais essayé de fouir. » (fuir en belge)
(celui là je trouve ça bien jusqu’au moment où il dit « …parce que ma femme avait un niqab, alors on était pas bien vus ». Ben tiens.)

Et les avocats de la défense « … Comment interprétez vous le silence de votre frère ? » « il est jugé d’avance, on a un sentiment d’injustice, par exemple, dans l’affaire du Thalys, son ami le plus proche n’a pas été interrogé, tout est déjà joué, je ne sais pas pour qui il a loué les voitures . Il a rendu service» .

Jeudi Madame Cade directrice du QER (quartier d’évaluation de la radicalisation) à Fleury. Et témoin d’Usman.
Aujourd’hui, « en l’occurence » versus « takya ».

Périès resitue l’accusé, qui a été 5 ans en madrasa (école coranique) au Pakistan, élevé dans une famille et un environnement super musulmans. Parti en Syrie très jeune avec un religieux de son bled, « quelqu’un m’a retourné le cerveau » s’est retrouvé en Syrie embarque par un cadre…
Puis mandaté pour venir se faire exploser en Europe. Madame Cade qui utilise l’expression « en l’occurrence » au moins 20 fois, dit que les observations menées pendant plusieurs mois par l’équipe, ont conclu à une non-radicalisation, il est d’ailleurs en détention normale. Il a évité les contacts avec les
musulmans, s’est désengagé de l’État islamique, les fouilles régulières n’ont montré aucun texte islamique…

Questions de la défense, « est-il possible de dissimuler quand on est expertisé par le QER ? « la dame dit « non, c’est très difficile, car nous sommes plusieurs à évaluer, à base d’entretiens, d’observations, de réinsertion dans des activités collectives avec des éducateurs, échanges informels observés, et contacts en prison… »


Question de parties civiles (soupir)


Maktouf (double soupir)

« qu’est ce qui dit que vous n’êtes pas la proie de la takya de Monsieur Usman » attention le mot takya va revenir 10/12 fois dans les débats du jour, donc ça veut dire « art de la dissimulation ».
(Usman a l’air plus crétin que fourbe, mais ça aussi ça fait peut-être partie du jeu) Madame Cade répond « je ne suis pas toute seule, ce sont de regards croisés, nous faisons exprès de ne pas avoir toutes les informations du passé des personnes observées pour rester objectifs » (ça a l’air pas mal ce QER).
Une autre « comment pouvez vous affirmer qu’il a une faible connaissance de l’islam alors qu’il a 5 ans de madrasa derrière lui, l’organe de formation des talibans, c’est un homme très pieux ?» (y’a plein de gens qui sont mauvais à l’école non ?)
Elle répond « ce sont les observations de l’imam de la prison de Fleury»…

Ensuite le attaques s’enchaînent, ça vise à discréditer les dires de Madame Cade, c’est pas facile pour elle, « Pas de doute ? « « Victime de manipulation « vous l’avez cru »… elle répète « ce n’est qu’une hypothèse »…
Un dernier trou du cul l’achève avec un hautain « je suppose que vous avez appris beaucoup de choses aujourd’hui ».
Périès intervient « c’est un outil de gestion de la radicalisation, on va pas revenir là-dessus… »

Madame Cade dit « je ne peux pas revenir sur une synthèse réduite de 2020, on ne parle pas de sortie de prison…ce sot des faits observés sur une période, son implication, les attitudes surveillées, les liens avec la famille… en l’occurence c’est une hypothèse ».


Les avocats de la défense essaient de savoir quid du QER et de leur client ;
Celui d’Attar demande pourquoi il n’a pas pu bénéficer du QER, celui de Karkach martèle que son client a été considéré comme pas du tout radicalisé, et celui de Bakkali demande ce qu’on en a pensé.
Madame Cade répond au sujet de Bakkali qu’il était concentré sur la licence qu’il a validé en prison, et dit que les échanges menés ont surtout montré son inquiétude quant aux jugements qui l’attendaient.
C’est la pause, on remercie Madame Cade.


On s’énerve de l’absence de Mme Grégoire, juge belge, qui ne veut pas venir.

La reprise, c’est Jawad Benhattal témoin pour Bakkali ; cousin (pas de chance) de Yacine Atar et des Bakhraoui ; il dit que Bakkali n’est pas concerné. Que son cousin Bakhraoui était en relation avec Bakkali 3/4 fois pour des histoires de fringues de contrefaçon.
Il est plutôt surpris de la radicalisation des uns et des autres puisqu’il faisaient des braquages (et plusieurs condamnations) à droite à gauche… Il s’est retrouvé en prison en même temps que Bakhraoui, Attar…
Périès demande « vous avez appelé 35 fois Ibrahim Bakhraoui… »
Lui « non non les flics belges ils font n’importe quoi, (on a déjà entendu ça, curieux), c’était pas mon téléphone, en plus j’étais en prison à ce moment là »
(le boulet on note, il sort il y retourne il sort il y retourne…)
Il dit qu’il n’a vu aucune radicalisation chez ses cousins, juste des prières, et a juste acheté une voiture à Bakkali.et à chaque fois il est calme, posé, avec sa fille souvent…« je ne sais pas vous dire, Bakkali, il avait une BMoué -BMW en belge- Il est doux, facile à arnaquer, il s’est fait avoir, utiliser. »
Un avocat de la défense d’Asufi, revient sur les flics belges « la DR3 ils menacent facilement, comme les écoutes dans la voiture n’ont pas donné grand-chose, à l’interrogatoire, il s’est passé quoi ? »
Benhattal répond « oui ils m’ont dit de tout dire et que je serai libéré le jour même, sauf que je savais rien, moi c’est les braquages, je pensais pas du tout qu’ils feraient ça mes cousins, et Asufi il fait rien lui, c’est pas une personne qui braque, non violent, il fume du shit, il aime la rigolade, c’est pas le mec dont t’as besoin pour une kalach’, les frères Bakhraoui, ils en avaient déjà. ».

Vendredi C’est Amri


Celui là il est allé chercher Salah Abdeslam, la nuit du 13 en aller-retour avec Attou. Bruxelles-Paris, dans une bagnole fraîchement vendue par Brahim Abdeslam.
D’abord des gens en vidéo-conférence depuis Bruxelles, le papa explique que c’est un bon garçon qui est arrivé en Bekgique à l’âge de 17 ans, et qu’il est gentil et rend des services. La preuve il aime travailler au samu social. Son seul problème c’est le shit, mais jamais il aurait imaginé qu’il soit condamné pour terrorisme.


Alors à l’attaque !
Makhtouf « bdn;sbcbhdbjc… »
Périès lassé « dans le micro Maître Maktouf »
Maktouf « vraies relations père-fils, comment cela se manifeste-t-il ? vous habitez à 30 km ? »
« oui au téléphone très souvent, de temps en temps les week-ends… »


Zwart « loin de la radicalisation ? Mais il fréquente les béguines ! »
(Pour la centième fois) « oui ben c’est un café normal, personne ne savait à l’époque … »
Zwart « vous n’avez pas d’ élements concrets en réalité ».

Truong « pas radicalisé ? Pourquoi arrêté ? »
le papa « …il a fréquenté ces gens sans savoir, lui il est gentil, il rend service volontiers »
« au point de faire Bruxelles-Paris en voiture après une nuit de travail ? »
« il peut rendre ce genre de service oui, si un copain lui dit qu’il est en panne … vous savez il les connaît pas très bien, il travaille au café, c’est petit, toujours les mêmes, on finit par devenir copain… lui c’est pas un criminel comme Abdeslam»

La défense Ronen l’avocate d’Abdeslam
« pouvez-vous confirmer que mon client est un tueur ? c’est fondé ? c’est dans les journaux, ou vous le connaissez ? »
le papa « son frère s’est fait exploser, lui non, mais c’est prévu…c’est des tueurs, des criminels »
« oui c’est de la rancœur naturelle » ( !!!! oui on a un peu de rancœur, permettez)
« Mohamed (Amri) il n’a tué personne, il n’avait pas de ceinture explosive, sa mère souffre … »
« …ça vous le savez des médias » (en fait elle va finir par nous faire croire qu’Abdeslam était venu à Paris complètement par hasard et qu’il n’a rien à voir avec les attentats)
«… oui »


Nogueras, son avocat, conclut en insistant sur le fait qu’il n’est pas radicalisé, que sa femme ne porte pas de foulard, qu’il ne prie pas toujours, et que la voiture qui a servi à rapatrier Abdeslam, et qu’il avait achetée à Brahim Abdeslam auparavant, n’a coûté presque rien.


Sa femme témoigne : (une belge néo-convertie, c’est pas malin)

Donc, Amri travaille au samu social de nuit, entre octobre et mars.
Ce jour là, vendredi 13, il travaille, et appelle sa femme pur lui dire qu’il va bosser jusqu’au matin, et revient claqué, le lendemain midi.
Il lui dit qu’il est allé chercher un copain, (pas où) et va dormir.
Ils se connaissent depuis 2009, mariés en 2013, elle dit qu’il est gentil, serviable tourné vers les autres, pas très causant.


Ensuite la cour l’interroge au sujet des clés USB contenant des anashids, de traces de recherches état islamique dans un téléphone et d’une Mercedes dans le garage.
« la Mercedes en fin de vie, cadeau du beau père, et les clés elle ne sait pas s’en souvenir. »


Nogueras intervient pour dire que les fichiers étaient anciens et les recherches supposées islamistes, sont générées par certains moteurs de recherche automatiquement.


La cour demande des précisions au sujet du caractère gentil, parce qu’un voisin le décrit comme irritable.
« aaaah oui celui là, un casse-pieds que mon mari remet en place… »

Les parties civiles (déchaînées)


Chemla (qui dit « en soi » tout le temps), insiste beaucoup sur la nature de leur relation, pourquoi il ne lui a rien dit au téléphone ? »
elle répond « parce que je lui aurais dit non, ça aurait discuté, parce que moi je savais qu’à Paris c’était le chaos, lui il a bossé toute la nuit… »
« quelle vision avez vous du mari dissimulateur ? (allez il ressort le mot takya) vous êtes un couple uni ou conflictuel ? Pourquoi il ne vous a rien dit ? «et utilisé votre voiture ? »
« «… déjà la voiture c‘est à lui pas à moi, à cette époque je n’avais pas le permis… »
Elle pleure. « il m’a préservée pour que je n’aie pas peur, pas de peine »


Zwart (jamais sympa, je l’ai entendu causer avec ses clients devant moi, pour elle, y’a rien à faire tous en perpète… j’avais envie de lui demander si ça vaut le coup de faire un procès aussi long dans ce cas…)
« alors il rentre de son trajet, il mange des œufs et il va se coucher… »
« oui c’est normal il a pas dormi de 24 heures… »
« ..et vos disputes c’est à quel sujet ? »
« au sujet des stups, de ses sorties tardives, de ce que je l’ai surpris une fois traîner aux béguines »…

« ah il ne vous a pas dit qu’il y travaillait ? »… « mais il n’est pas calme puisque des coups dans les meubles ont été notés pendant les perquisitions , une porte, le lit… »
« ben ça peut arriver, quand on est énervé vaut mieux taper dans les meubles que sur les gens , euh c’est un lit ikéa… »
La salle se marre. (moi aussi j’ai un lit ikéa y’a quoi? moi aussi ça m’est arrivé de casser une chaise au lieu de l’adolescent réfractaire qui m’énervait)


« vous parlez de l’islam, des attentats entre vous ? »
« non, on est pas très intéressés, mais en ce qui concerne l’islam, s’il aurait cette otique là (hiiiii) , vous croyez que je serais habillée comme ça, que je travaillerais, que je sortirais avec mes copines, que j’aurais le permis ? »
« vous avez un compte FB au nom de ? Iman ? »
« oui je me suis convertie avant mon mariage … »


Maktouf revient sur l’ordi avec les anashid…
« ce sont des anashid de mariage, que j’avais cherchés en 2013, c’est moins cher qu’un orchestre pour se marier. »


Et un avocat putassier glisse, « saviez vous qu’il a dit, lorsqu’on lui a demandé ce qu’il est allé faire à Aix la Chapelle avec Attou, être allé aux putes ? »
« …euh oui »

(J’espère que de ma vie, je n’aurai jamais à faire à ce genre de connard.)


La défense


D’abord l’avocat d’Abrini « Bruxelles, n’est pas un lieu de radicalisation, si ? »
« non pas que je sache, y’a ptet des quartiers, Molenbeek, bon ben y’a beaucoup d’arabes ? »
« on vous reproche de ne pas avoir parlé des attentas ce jour là, pourtant moi je n’en ai pas non plus parlé, on aurait dû obligatoirement ? »
« ça a une certaine place, mais y’a pas que ça. ..on est pas intéressés à la géopolitique, ni à
la politique »
« vous ne portez pas de voile ? «
« non c’est comme on veut, un choix personnel, il m’est arrivé de le mettre dans sa famille avec les autres, mais il m’a laissé le choix de le porter ou pas ».


Nogueras enfin (qui défend Amri) revient sur le côté festif (ahah, musicalement c’est marrant comme une bourrée provençale), des anashid de mariage, dit que sa langue d’origine c’est le rifain, pas l’arabe classique, et que donc, c’est pour la musicalité. Il dit « moi même j’écoute du rock anglais je ne comprends pas tout ».


On remercie le témoin.


Ronen (avocate d’Abdeslam) intervient pour dire que ce serait bien de ne pas rudoyer les témoins, de ne pas les considérer comme des accusés, et de veiller à maintenir un climat serein, si on veut qu’ils continuent de témoigner.
Periès renchérit « on n’est pas des politiques ni des parlementaires, ce serait bien qu’on ne s’invective pas de part et d’autre et qu’on respecte un climat digne ou la contradiction est possible.
Un peu de pause avant d’entendre Amri en personne.

Avant la reprise je recroise la journaliste de France 24 qui est venue pointer deux heures, parce que là, elle va se barrer, ce qui ne l’empêche pas d’avoir un avis tranché sur la question. Elle me demande « vous en pensez quoi ? » Et répond à ma place. (des trucs que j’entends tous les jours et qui me saoulent, comme, tous en perpèt’, à la guillotine, en général de la part de gens qui ne savent pas du tout ce qui se passe au procès)…


Puis dring l’audience est reprise.
Amri tête rasée chemise blanche, répond à Périès.
On apprend que personne n’était radical, (ben tiens, ça alors !) il allait au casino avec Salah Abdeslam, et Brahim Abdeslam, (son patron un peu, quelques mois au café) fume du shit et boit.
Il voit bien que Brahim regarde des vidéos de temps en temps mais discrètement, même si le café fait 15 mètres carrés.
Il dit ne jamais s’être intéressé au jihad, ni à la Syrie, et lorsque les autres partaient en Syrie, c’était pas connu, on le cache ça, plutôt et on est au courant bien plus tard.
Et à force de fréquenter Salah qui passe de temps en temps au café, c’est « quelqu’un de bien », ils vont en vadrouille ensemble, casino etc…mais Salah ne fume pas. (Amri dit « la vérité » tout le temps, au point que le gars du ministère public lui dit désagréablement, « eh bien dites la , la vérité ! ».


Du coup, il n’a plus rien à dire, à part qu’Oulkadi dit plein de conneries, notamment au sujet de Brahim Abdeslam qui ne serrait soi-disant plus la main aux femmes.
« …euh la vérité euh non ». (Quelques-uns ressortent la takya).


Périès reprend une avocate des parties civiles qui l’agresse, « ne soyez pas agressive »
et cette nouille d’Amri dit « la vérité, elle est agressive mais gentille ». Eh oui c’est pas gagné…


Encore un téléphone qui sonne « c’est un véritable standard téléphonique » dit Périès …bref on
se déconcentre il est tard, On lui demande s’il protège le frères Abdeslam, il répond « je comprends pas votre question , je mes suis fait avoir par les frères Abdeslam, et en plus je suis en prison, c’est la double peine. »


Un autre avocat demande si on peut parler des trajets en voiture , Périès dit « ah non sauf si on veut y passer la nuit », Truong pose une question à tiroirs au sujet de sa tolérance à l’islamisme, il répond « ohlàlà mais vous dites quoi ? « Périès dit « oui moi aussi je vous ai un peu perdue Maitre Truong, je reformule… » il redit la phrase en compréhensible.
Truong « c’est tout à fait ça »
Périès « ben demandez moi la prochaine fois », (on se marre)


Bref au sujet de la radicalisation, il a rien vu venir, pas branché Syrie, « on en parle que quand quelqu’un y est parti, après son départ ».
Maktouf veut des précisions horaires, il répond laconique et fatigué « quoi quelle heure ?12h31
… je sais pas moi » Un dernier lui dit « alors Salah Abdeslam, maintenant c’est toujours quelqu’un de bien ? »
« je lui en veux, la vérité, mais chuis content qu’il soit encore en vie… »
« Mais c’est encore un ami ? »
« c’est compliqué, c’est compliqué »

La défense s’évertue à confirmer qu’il n’y a pas de radicalisation…
L’avocate de Karkach (qui dit « afin de purger ce point » tout le temps) lui fait dire qu’il préfère le rap aux anashids, que la clé USB avec les fichiers terros étaient à Salah Abdeslam, mais il est fatigué, il pige pas qu’elle lui tend une perche et répond « en vérité j’ai pas de souvenirs, j’ai rien à dire… » pas facile.
Elle insiste « si c’était à refaire, vous n’iriez pas chercher Salah ? » « hein ? Heu oui je comprends pas…euh non … mais je peux même ajouter que pendant le retour quand Salah nous a dit ce qu’ils avaient fait, je lui ai dit que c’est mal, Attou confirmera. Il m’a répondu ta gueule, et que je connaissais rien à la religion. »


Et pour finir, Nogueras nous amuse un peu en disant « pour rebondir au sujet de Maître Maktouf et des téléchargements du 21 juin 2015, en plus des recherches suspectes mais qui étaient effacées, vous avez également téléchargé « moi moche et méchant » et « le transporteur » …où en étiez vous de la radicalisation à ce moment là ? Vous savez que vous êtes poursuivi au sujet de votre radicalisation, mais qu’on a que de faibles indices. Vous en avez conscience ? » « ? … » Amri est fatigué.
Et l’audience est levée. À 20h40, on est tous exténués.

Et voilà… ça reprend mardi 1 février.

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