Après une longue introduction sur les allers et venues en Egypte, Syrie, et au contact de salafistes de la région de Toulouse, au sujet des frères Clain et de toute la famille Clain, (des normands convertis en famille, on dirait la famille Manson), on apprend que des témoins qu’on attend, le frère Bakhraoui, et la sœur d’Akrouh, ne viendront pas témoigner finalement…
Du coup, dans le moment de flou, les avocates de Karkach plaident, (et très bien), une mise en liberté conditionnelle de leur client. Cette andouille a été l’intermédiaire malheureux, qui a fourni des faux papiers , il ne sait même pas à qui vraiment. Manque de bol, ces faux papiers ont servi à ramener des terroristes de Syrie en Europe. Intermédiaire sans le savoir avec les Bakhraoui par exemple, explosés à Bruxelles…
Karkach n’a pas de pot, incarcéré à l’isolement depuis 5 ans, il devient dingue.
Ses avocates ont très bien argumenté sa conditionnelle, en mettant en avant le fait qu’il n’a rien à voir avec les fous de Dieu, il n’est pas même pratiquant, et bidouille un peu, sans plus, avec les mauvaises personnes.
Après cette magistrale plaidoirie, (avec néanmoins un petit glissement niais « karkach aimerait passer Noël avec ses enfants » (???) bref…) ; l’avocat général dit « non, c’est pas le moment » une avocate partie civile derrière moi, dit sévèrement « dans ce cas, on les relâche tous »…j’entends maugréer parmi les vieilles parties civile derrière moi….donc, c’est pas gagné le bracelet pour Karkach. (Refusé le lendemain vendredi, jour où j’écris ça, en fait, d’après les journaux).
Moi, je pense que d’autres formes de surveillance sont possibles pourvu qu’on y mette les moyens. Et de toutes façons, je ne suis pas un bon juge, vu que je suis anti-prison :
Premièrement, ceux qui se sont radicalisés l’ont fait en prison justement, de petit dealer, voleur, les premiers contacts avec un imam foireux, c’est là bas.
Deuxièmement, quelque soit la durée de la peine, ça ne fera pas revivre les morts…je ne vois pas comment ça fera passer la douleurs des gens concernés.
Troisièmement la réinsertion est impossible à la sortie, surtout qu’il n’y a pas d’accompagnement prvu. Et plus d’éducation populaire (mon maître-mot), fini coulé mort.
Enfin, au fil des débats, des témoignages, des interventions, (j’y vais régulièrement), deux camps se dessinent nettement parmi les accusés : les méchants, et les baltringues. Or, on ne met pas les gens en prison parce qu’ils sont cons, (y’aura pas assez de place). Dans ce procès, il y’a quelques vrais cinglés, radicalisés et très impliqués, barbus, et toujours convaincus, et une bande de baltringues, qui se fait de l’argent, ou rend service aux cousins (certains ne sont liés dans l’histoire que par la parenté).
La triste déposition des témoins s’enchaîne :
Comme témoin, j’ai entendu d’abord Mr Lachraoui, papa de Najim Lachraoui.
(Lachraoui s’est fait exploser à l’aéroport de Bruxelles).
C’est un père brisé par l’éloignement progressif d’avec son fils, un « bon gamin », qui s’est mis à poser problème dans l’entrée à l’âge adulte. Il n’étudie pas, ne bosse pas, glandouille, et entre progressivement dans la religion dure. Il dit avoir eu de vives discussions au sujet de l’islam avec lui, car il trouvait que sa propre famille ne pratiquait pas assez rigoureusement, mais c’est « comme si je parlais à un mur ». Finalement il part en Syrie « combattre Bachar » à 21 ans en 2013, et a quelques échanges téléphoniques anodins avec sa famille.
Son papa apprend un jour de 2016, sa tristement célèbre explosion à Zaventem.
Une avocate partie civile lui dit froidement « vous pensez à ce que vous auriez pu faire pour rétablir la communication ? » « … » on a le sentiment que les témoins sont accusés eux-même, ne ressentent pas la douleur, sont coupables aussi finalement.
Apparte : je commence à avoir un jugement « de classe » sur les avocats en général… ils sont souvent condescendants, un peu méprisants, ils ont cette attitude, qui me rappelle une histoire : une institutrice avait demandé à une copine marocaine, « vous savez lire ? » (la copine était instit’ au Maroc, donc oui elle savait lire en trois langues). Il ya quelques mois, un des accusés, interrogé sur ses voyages avait dit « j’aime voyager j’ai fait plein de pays en club all-in » et la cour se marre, parce que, eux quand ils se payent des voyages, c’est pas avec des ploucs dans des voyages low-cost. Très condescendants.
Jamal Bakhraoui ne vient pas, alors Mr Péries lit sa dernière déposition :
Il est le frère aîné des Bakhraoui, Khalid et Ibrahim, des presque jumeaux qui traficottent ensemble, puis se retrouvent à la prison de Mons où ils se sont fait « engrainer ». Ils connaissent bien Bakkali, qui vient à la maison familiale souvent.
Ils prennent des cours d’arabe à la mosquée, et en 2014 s’envolent pour la Syrie via la Turquie, plus de nouvelles, jusqu’à leur explosion.
Déposition lue de Nadjoua Akrouh, absente aussi
Dit que son frère était non-violent, gentil, elle a communiqué beaucoup par skype what’s app avec lui lorsqu’il était en Syrie jusqu’en août 2015, échanges désaccords sur la religion, puis plus de nouvelles.
Oui, c’est un peu rapide, c’est la fin de journée, péries dit « allez salut à demain! »
Le lendemain, mercredi 15/12
Et bon Krayem et Abdeslam boycottent, déjà qu’ils sont mal barrés, ça ne va pas alléger leur peine à mon avis.
En attendant les visio-conférences de la sœur « Anne-diana » et de la nièce Jennifer, des frères Clain, depuis leur prison, derrière moi j’entends un compatissant « ah oui, le manque de communication, c’est vraiment lié à ces milieux-là… » (??tu dis quoi là ? Chez les zarabes ? chez les pauvres ? chez les cons ? faut-il comprendre que chez les classes « au dessus » on parle beaucoup plus facilement ?)
Puis, un petit blabla solidaire avec la justice en grève ce matin, net une demande rejetée d’une association « … Shoha massacre de masse » qui veut se constituer partie civile. Non dit la cour, merci oui, je vois pas ce que la Shoha vient faire ici.
AAAH , le pénitentiaire, toujours au taquet, enfin après des bruits de clés flippants, des règlages caméra, et son approximatifs, installation bricolage, voici Anne Diana dans la caméra. Elle nous raconte, la recherche mystique de sa famille originaire d’Alençon, bled normand paumé, la conversion aveugle à l’islam le plus radical dès 99 de ses deux frères, puis de tous, sa mère, elle-même, ses belles sœurs, et le rapprochement avec la secte salafiste.
Un déménagement à Toulouse, près d’une secte salafiste, puis départ en Syrie en 2014, pour les frères,sa fille, sa mère, qui souhaitent vivre au plus près de Dieu, dans un état islamique rigoureusement proche des hadiths (d’une certaine interprétation, mais ça, elle s’en est rendu compte très tardivement). pour eux à l’époque, l’état islamique est bienveillant, victime de complots, et eux sont hors-sol, lobotomisés, formatés, convaincus du bien -fondé de l’état islamique. Elle pense que ses frères chantent à la radio « el Bayan » juste un peu de prosélytisme, le combat contre Bachar, et conclut « j’ai changé, révisé ma compréhension de l’Islam, Dieu ne demande pas de tuer des gens. »
Elle est arrêtée en 2016, lorsqu’elle attend de rejoindre la Syrie depuis la Bulgarie, mais sans nouvelle de ses frères depuis longtemps. Elle est déçue de l’implication de ses propres frères et regrette tout ce gâchis, se dit victime elle-même d’une idéologie, se sent responsable de ses actes malgré tout.
Jennifer sa fille.
Elle témoigne depuis la prison de Beauvais, née en 1990, elle a 9 ans quand toute sa famille se convertit. Et elle part en Syrie à 24 ans, avec son mari Kevin (!) converti. Elle vit dans l’état islamique sans se poser trop de questions, considère que ce qu’ils font c’est bien, n’a pas de compassion, sans assister aux executions. Elle pense que ses oncles travaillent à la radio et chantaient. Elle dit on pensait « groupe, pas de libre arbitre » et reconnait avoir changé.
Elle a commencé à douter lorsqu’elle s’est brouillé avec ses oncles, qui avaient dénoncé des amis à elle, pour manque de rigueur dans la pratique de la religion, surtout en voyant l’écart des comportements entre les cadres de l’état islamique, corrompus, privilégiés, « drogue, luxure, comportements déviants » et les néos-convertis, arrivés pour vivre pleinement leur vie de dévot amish local.
A ce moment là, été 2017, elle vit à Mayadin, Raqqa est reprise par les kurdes, elle a commencé à faire les démarches pour rentrer. Prisonniers des kurdes hiver 2017, elle finit par rentrer avec la croix rouge et ses 5 enfants, est incarcérée à son retour, les enfants placés.
« On est tous coupables de ce qu’on a fait, cru, ou voulu ». Quel gâchis.
Voici Kalthoum Ajabi, l’ex de Fouad Mostefai Aggad, explosé au Bataclan.
Elle s’est séparée très vite de lui, a vécu un peu avec lui à Toulouse lorsqu’elle était étudiante, il commençait à être violent, et à avoir des exigences religieuses… Elle rompt avec lui, mais reste en contact. Il remonte à Strasbourg d’où il vient, et part en Syrie avec son frère Karim et des amis en décembre 2013. Il l’appelle de temps en temps, et lui raconte ses aventures guerrières, parle de mourir en martyr etc… elle rompt définitivement. La soeur et la mère de Fouad Aggad lui reprochent de ne pas l’avoir retenu…
Elle termine tristement : « Fouad c’était un boulet pour sa soeur, sa mère et moi »