Mardi 1 février 2022
(Krayem boycotte toujours)
Yacine Atar
On lui reproche des trafics de voiture « j’achète et je vends », avec les frères Bakhraoui, ses cousins, des trajets suspects, ainsi qu’un engouement pour l’état islamique certain, dont son frère Oussama (!) est devenu cadre en Syrie.
Périès relit des échanges SMS qui figurent dans les rapports de la DGSE belge, et l’interroge au sujet de sa radicalisation.
Sms (les zesèmess) adressés à sa femme afin qu’elle évite une piscine mixte, qu’elle n’accouche pas avec un mais une gynécologue, adressés à sa sœur, afin qu’elle rudoie ses enfants s’ils ne font pas la prière…et au sujet du maquillage qui ne convient qu’aux femmes mariées…
Bref, il s’est mis dans la merde, prétend ne pas être radical, et pour sa seule défense dit « oui mais dans les zessemèssses, y’a ahahah, ça veut dire que c’est pas sérieux.. »
Périès continue de sortir des trucs de son compte FB contacts mal appropriés, et phrases qu’il aurait mieux fait d’éviter, genre mécréants, jihad, etc…(son frère Oussama Atar était quelqu’un à l’État islamique mort en martyr) alors son fils s’appelle Oussama (bravo, c’est comme Adolphe ici
quand même)…
On trouve aussi du « belgique et europe de merde, menaces physiques sur sa femme « moi jamais de la vie, des violences ? voilà bon je suis musulman…dounya ça veut dire terre ? »
(non c’est vie crétin)
… à propos d’un contact douteux E.I, « Saïd ? Non euh ben c’est des contacts FB, j’en ai plein, par exemple j’ai Djamel Debbouze. » (il va être content Mr Debbouze).
Son ami al Asri a dit de lui que tout à coup il était devenu chiant, plus de rigolade, plus de sorties, ? En rapport avec la religion ? « non c’est parce que je me suis rangé, je suis marié tout ça… »
Au sujet de la radicalisation des frères Bakhraoui, il cafouille « non j’ai jamais rien vu.. ; » Périès dit « ben comment ça se fait que vous ayiez rien vu ? Parce qu’à ce moment là ils commencent à pencher, hein, sérieusement ! »
et blablable « …je sais que je suis une pipelette, laissez moi répondre » (il fait ça depuis deux heures…
Quel type de conversation avec les Bakhraoui ? (nombreux échanges SMS)
« ah euh ben des échanges banaux (!!!) (il dit banaux trois fois), très clairement c’est des sujets banaux , si vous serez (!!!!) venus chez moi… »
Heureusement qu’il a sa sœur et sn oncle comme témoins ; tous les deux disent vraiment qu’il n’est pas du tout radicalisé. Sa sœur dit qu’Oussama, celui qui a rejoint l’état islamique n’est plus son frère depuis longtemps, que son vrai frère c’est Yassine. Son oncle nous dira même « pour moi Yassine, c’est le fils spirituel de Bacchus, le dieu du vice et du sexe » (mais pas du vin).
Au sujet des faux papiers de la voiture balai-terros, « ah oui mais par après ça m’a fait tilt, ah oui je viens de me souvenir ! »… il alterne avec « ah je ne sais plus me souvenir… » et « je parle beaucoup, Monsieur le président, excusez moi »… « UI (belge) non Ui, je n’ai jamais su, euh je peux prêter
serment »
« ah non ! dit Périès, on est pas dans le système américain ! » mais tout ça pour dire rien du tout en fait.
Voici Attou (mon préféré)
Pour rappel le jeune Attou 21 ans en 2015, était dans la voiture avec Amri qui a récupéré Abdeslam à Châtillon-Montrouge.
Attou, on ne lui pose pas de questions sur la radicalisation, il est complètement en dehors ; il dealait pour le compte de Brahim Abdeslam, on ui demande c’est quoi ces trois mandats cash qu’il lui a envoyés au Maroc.
Il répond, « c’est le fruit des ventes de shit, l’argent des stups, c’est à lui, 5000 euros en deux ans, je suis désolé, c’est pas beaucoup ».
Oulakadi a dit (jakadi?) que les vidéos de l’état islamique, tout le monde les regardait au café.
Attou répond « ben s’il le dit, moi j’ai rien vu, ce café c’était surtout les stups, sinon les autorités belges seraient venues, on était surveillé pour les stups,pas pour la radicalisation ».
Et son rapport à Brahim Abdeslam : « c’est mon patron, j’ai rien vu venir de sa radicalisation »
Avocat de parties civiles : « mais il serrait plus la main aux femmes ? Il visionnait des vidéos ? «
« les vidéos il était discret, et les femmes, il continuait de leur serrer la main, d’avoir des copines… »
Et lorsqu’un avocat d’un autre monde lui dit « mais vous allez à 4 à l’aéroport de Zaventem chercher Brahim à son retour de Turquie ? »
« «vous pouvez pas comprendre, on est pas de la même classe sociale, nous on s’entraide, on peut aller à 10 chercher une baguette… »
Quand les avocats de la défense le questionnent au sujet des accusés, leur client respectif :
« Amri n’était pas religieux, il fumait, je lui ai beaucoup avancé du shit,
Brahim Abdeslam non plus, il était bienveillant avec moi, n’avait pas l’air dangereux… y’a un voisin qui a mis une bougie devant le café quand il est mort quoiqu’il ait fait ; il avait une double vie »
Au sujet de Salah « il m’aidait, c’était moins un patron, plus un copain, aujourd’hui je lui en veux bien sûr»
L’avocat d’Oulkadi parle d’un copain de la bande, El Hassani qui aurait dit que « Brahim ça se voyait il était devenu plus méchant » .. il répond habilement « ben posez lui la question , je sais pas moi j’ai rien remarqué » (il est malin ce petit.)
Et enfin, un avocat de la défense, lui demande si sa vision du café et de ce qui s’y passait n’était pas altérée par sa consommation de shit.
« je dis pas qu’on est con con, mais on est défoncé en tous les cas » (j’espère qu’il prendra pas trop cher).
Mercredi 2 février
Voici un témoin éducateur Olivier van…ecke…(avec un nom flamand en Van) .. qui a travaillé à Molenbeek. Il a été missionné par la ville dès 2014 (jusqu’en 2020) pour faire du lien avec les familles de plus en plus nombreuses, dont les gosses partaient en Syrie. Son boulot c’est d’essayer en équipe, mais lui c’est le boss, de récupérer des jeunes avant qu’ils ne partent en Syrie ou de les évaluer à leur retour ou à leur sortie de prison. Donc il a eu affaire à Attou et dit qu’il n’y a chez lui aucun signe de radicalisation, de violence ni même de religion.
Il aime le mot continuum utilisé 7 fois dans sa grande explication sociologique, clairsemée de vocabulaire de l’éducation populaire (plateforme de concertation, learning by doing, -apprendre sur le tas quoi-, capital guerrier, dimension communautaire, socialisation, tribalisme) , et il se la pète un peu aussi avec son look de métalleux propre.
La cour qui est très impressionnée qu’un gars de cet acabit (tête rasé avec chignon, fringues « j’aime Lemmy »…) puisse maitriser sa langue de métier avec une aisance aussi fluide, n’arrête pas de lui poser des questions inintéressantes Ce moment fait penser au petit passage chiant de la BD « la cellule » (le reste est bien) où l’auteur dessine un faux repas entre les enquêteurs et leur famille pour placer sa science en matière d’étude sociologique, d’analyse psycho sur fonds de géoplitique. La BD est vraiment intéressante, mais ce passage est super relou.
Et il atteste que le café des frères Abdeslam a bien fermé en Aout 2015 pour trafic de drogue, mais pas du tout pour radicalisation.
Nogueras (défense) en profite pour placer » en somme ce qu’on reproche aux accusés c’est de ne rien avoir vu venir, dans la radicalisation de certains, c’est ce que vous avez mis des années à comprendre ?
Jeudi 3 février je ne suis pas là, c’est le tour d’Oulkadi. Apparemment il n’a pas dit grand chose, Il comparait libre comme Attou et Chouaa. Il avait pris Salah Abdeslam à la suite d’Amri et d’Attou qui l’ont déposé dans un café à Bruxelles, et l’a emmené à Schaerbek, dans un appartement. C’était pas une bonne idée.
Vendredi 4 c’est le tour de Chouaa.
La femme de Chouaa témoigne : Elle présente ses condoléances aux victimes, dit avoir rencontré Chouaa au boulot en 2016 (il était libre) et puis comme il a été arrêté il lui a expliqué le bourbier dans lequel il s’est mis. En 2018 elle est enceinte de 6 mois, et la police défonce la porte, emmène Chouaa, l’interrogen, le relâche, puis la France l’arrête à nouveau en pleine rue. Il n’est pas très religieux, ne pratique jamais, mais soupçonné de collaboration, car voisin de tous à Molenbeek. Il prête sa maison, son ordi et sa voiture assez facilement ; on a retrouvé des choses compromettantes sur l’état islamique dans son ordinateur, et des téléphones perquisitionnés chez lui, mais les témoignages des accusés disent tous qu’il était en dehors de tout ça. Abrini, son pote, a même dit « qu’on se marre bien dans sa maison qui est un peu la maison du quartier. »
Abdellah Chouaa dit que son grand frère a voulu se venger du divorce de son père et de sa mère, en accusant à tort son père d’être radical. Il est imam et met des baffes à Abdellah pour qu’il aille à la mosquée. « Vu comme ça, certes bien sur bien sur ça semble radical (c’et son tic de langage, les questions durent longtemps mais il dira 14 fois bien sur bien sur, et 10 fois certes),je me rends compte que j’étais con à l’époque, tout le monde passait par chez moi sans que j’y soie, mon ordinateur servait à tous, y’en a qui dormaient là… ». Il répond à Périès au sujet d’Abrini :
« je n’ai jamais compris qu’Abrini était radicalisé, il cherchait son frère…il était souvent chez moi très généreux, son argent provenait des casses, il en avait beaucoup mais partageait, faisait profiter tout le monde, c’était plutot mile deux mille que 100 euros… oui il a du regarder des choses sur la Syrie dans mon ordinateur, mais pas que ça, hein, y’avait des films pornos aussi, on risquait pas de le penser radical..; » … » Dahmani on allait avec lui tous les jeudis dans des soirées salsa…
Périès dit au sujet d’une conversation à part entre Dahmani et Abrini « ah alors ils faisaient de la takya ensemble? » (c’est dissimulation, le mot qui convient à un procès de terroristes)
Chouaa répond : « ah Monsieur le président, je sais même pas ce que c’est de la takya…ils ont parlé discrètement entre eux, mais comme Dahmani vendait de la blanche, de la schnouf, quoi (c’est belge), j’étais certain que c’était à ce sujet là. »
Puis, il s’agit de deux numéros de téléphone, dont la fin est 033 et 241 -ça va durer, heureusement y’a du bien sur bien sur et certes pour nous distraire- que les enquêteurs belges ont tracés et attribuent à Chouaa, or y’en a un des deux, le plus sulfureux avec des coups de fils un peu orientés bricolage terroriste, que Chouaa a toujours nié posséder. Cette conversation va durer et nous permettre de réaliser à quel point on est fliqué, (rien à envier à la Chine) car on comprend que le téléphone est suivi et tracé, en « bornant » à des tas de relais qui permettent de suivre tout ton trajet exactement.
Ensuite viennent les questions embarrassantes auxquelles il répond « ben je vou zessplique, c’est simple bon j’avais pas d batterie et ‘est pour ça euh non j’ai jamais eu ce téléphone » et « vous allez chercher Abrini à son retour de Syrie mais vous êtes en colère de son mensonge? » « oui il m’a dit qu’il allait en Turquie mais après quand je l’ai su je l’ai dénoncé aux autorités pour le protèger et je suis allé le chercher à l’aéroport j’étais content qu’il revienne, c’est mon pote »..;
Mais sauf qu’Abrini est revenu par Paris CDG, et qu’il a fait la route de Bruxelles à Paris, qu’au dernier moment ce relou d’Abrini lui a dit de le récupérer Porte de Clignancourt et qu’on saura jamais pourquoi. Chouaa dit qu’il est allé le chercher en toute bonne foi et sans poser de questions. Puis Maktouf pose des questions qu’on ne comprend pas, il répond « peut être c’est ça oui », Au sujet d’une mosquée dans le 18eme, son avocat dit « ah non on va pas parler de ça », il répond « désolé Maître Maktouf deux fois, Périès intervient et dit « voyez qu’il est de bonne volonté, alors répondez c’est une histoire de mosquée? » il dit « ouieuhnon » Périès dit « alors continuez », et il change de sujet… » Abrini c’est pas le même aujourd’hui, hein à l’époque y’avait une fille qui venait le chercher en twingo … tUingo en belge…
Un avocat de partie civile lui demande au sujet d’un emprunt bancaire qu’il aurait fait au même moment qu’un mandat bancaire, il répond « ah non Abrini il avait toujours 3/4000 euros dans les poches » l’avocat insiste Périès fatigué intervient « on a compris la question…et la réponse… il a bientôt fini…la question est simple » Il n’en peut plus, et nous non plus.
Mais toutefois ça s’éternise, on revient au sujet des téléphones, « comment vous comprenez qu’on y arrive pas? » dit un avocat, Chouaa répond « c’est à mon avocat de faire ce travail » -bien vu- son avocat intervient « ce numéro a été attribué à Abrini pendant deux ans » Périès extenué, dit « je crois qu’on a fait le tour ».
Encore un peu de partie civile sans intérêt, puis la défense :
l’avocat d’Abrini lui demande de préciser, qui était Abrini avant, il répond « c’était mon ami, la fête, les boîtes, les casinos, les filles, on a bien ri, j’ai rien demandé… » « il aimait bien le foot? » demande l’avocat » Chouaa pleure et ne répond pas. Un mini incident, ar au même moment ça rigole du côté des parties civiles.. Chouaa se ressaisit « il adorait ça, fan du Barsa, du Real, aucune pratique religieuse, j’avais confiance en lui, sa femme était dingue de lui, elle a jamais mis de voile… on a eu beaucoup de bons moments ensemble, j’arrive pas à y croire, aujourd’hui je lui en veux »
Une dernière question au sujet de l’argent envoyé à Abrini en Turquie, on découvre que c’est Dahmani qui lui a envoyé très probablement.Périès demande « mais qu’est ce qu’il fait la nuit à ce moment là? » Chouaa répond, « ben c’est le ramadan, il s’amuse » y’a un blanc.. »Monsieur le Président, la nuit au ramadan, on s’amuse ». Abrini à qui on demande, ne veut rien dire de plus. On s’arrête enfin.